Un rêve derrière un nuage. Lire le chinois dans le Paris du XIXe siècle

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2020

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lecture Chine chinois Paris sinologie orientalisme reading China Chinese Paris sinology orientalism


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Clément Fabre, « Un rêve derrière un nuage. Lire le chinois dans le Paris du XIXe siècle », Revue d’histoire moderne & contemporaine, ID : 10670/1.hllmmu


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Depuis le xvie siècle, l’étrangeté et la difficulté de la langue chinoise fascinent les missionnaires jésuites comme les savants européens, et cette fascination trouve encore un écho au xxe siècle dans celle qu’un Roland Barthes ou un Henri Michaux vouent à l’idiome du Céleste Empire. Dans cette histoire séculaire, toutefois, le xixe siècle occupe une place à part, où les sinologues parisiens, alors même qu’ils parviennent à maîtriser la langue chinoise mieux que quiconque en Europe jusqu’alors, s’efforcent de distinguer son déchiffrement des lectures ordinaires. Reléguer la langue chinoise hors du registre commun de la lecture permet en effet à la sinologie naissante d’affirmer son monopole sur cette langue en définissant les modalités de son déchiffrement légitime. Qu’a-t-on le droit de lire dans la langue chinoise ? Avec quels outils doit-on aborder un manuscrit chinois ? Comment doit-on le lire, et quelles émotions sa lecture est-elle censée procurer ? Le déchiffrement de la langue chinoise fait ainsi l’objet d’une exceptionnelle théorisation. Ce qui n’empêche pas pour autant des acteurs non sinologues, tels les amateurs d’art et les poètes, de s’obstiner à lire différemment la langue chinoise, et à y lire autre chose – que ce soit la valeur d’un vase chinois ou le secret d’un effet poétique. Le cas de la langue chinoise dans le Paris du xixe siècle permet ainsi d’aborder deux questions largement négligées par l’histoire de la lecture : l’acte de lecture varie-t-il au gré des langues lues ? Et que lit-on dans un texte, hormis son sens ?

Since the 16th century onwards, the strangeness and difficulty of the Chinese language have caused Jesuit missionaries and European scholars to marvel, a fascination which still resonates with Roland Barthes’ or Henri Michaux’s during the 20th century. Yet, the 19th century occupies a place of its own in this centuries-long history: even though Parisian sinologists managed to master the Chinese language better than anyone in Europe until them, they endeavoured to distinguish its deciphering from ordinary readings. Putting the Chinese language outside the common register of reading allowed the emergent sinological science to assert its monopoly on it by defining the only legitimate way to decipher it. What was the right to read in the Chinese language? What tools should be used to approach a Chinese manuscript? How should it be read, and what emotions was it supposed to convey? The deciphering of the Chinese language was thus the focus of an exceptional theorization. This did not prevent non-Sinologist actors, such as art lovers and poets, from persisting in reading the Chinese language differently, and reading something else therein – whether the value of a Chinese vase or the secret of a poetic effect. The case-study of the Chinese language in 19th century Paris thus makes it possible to address two questions that have been largely neglected by the history of reading: does the act of reading vary according to the languages read? And what does one read in a text, apart from its meaning?

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