2003
Cairn
Cyril Cartayrade, « Le marié était en bleu : les mariages de gendarmes dans le Puy-de-Dôme au xixe siècle », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.hlwfbm
Jugé incompatible avec l’éthique guerrière du métier militaire, le mariage forge pourtant l’identité sociale des gendarmes du xixe siècle. Parmi ceux qui sont nommés dans le Puy-de-Dôme de 1816 à 1854, 35 % convolent dans ce département quand la compagnie comprend 65 % de soldats mariés. Cette banalisation du fait matrimonial résulte d’intérêts communs. Pour la hiérarchie, le mariage pérennise et moralise la recrue. Le gendarme en retire une promotion mesurée : la dot améliore le quotidien plus qu’elle ne l’enrichit. La notabilité de ce fonctionnaire attire surtout les petits commerçants et artisans. Confortant l’influence locale de sa belle-famille, ce gendre de pouvoir s’avère un beau parti. La solde régulière et une possible mutation en milieu urbain rehaussent le prestige de l’uniforme aux yeux de la future. Convoitées, ces unions restent encadrées. L’administration affirme leur nature corporative par la permission hiérarchique et la présence de témoins issus de l’arme. Le contrat de mariage protège le bien matrimonial contre le soldat, coureur de dot.