L'impact biologique et social des catastrophes : bioarchéologie des victimes de peste à Martigues (XVIIIe siècle, Bouches-du-Rhône) The biological and social impact of catastrophes : bioarchaeology of plague victims (Martigues, 18th century, Bouches-du-Rhône) Fr En

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23 mars 2021

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Peste Époque moderne Bioanthropologie Marqueurs de stress Conditions de vie Inégalités sociales Genre Plague Modern Age Bioarchaeology Stress markers Life conditions Social inequalities Gender 944.903 306


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Luana Batista-Goulart, « L'impact biologique et social des catastrophes : bioarchéologie des victimes de peste à Martigues (XVIIIe siècle, Bouches-du-Rhône) », Theses.fr, ID : 10670/1.hmm2j8


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Ce travail évalue l'impact de crises démographiques de différentes natures au sein d'une société, en prenant comme exemple la ville de Martigues (Bouches-du-Rhône) au XVIIIe siècle. Cette ville a été touchée par la dernière grande épidémie de peste en France, la peste dite de Marseille, qui a affecté la Provence et le Haut Languedoc entre 1720 et 1722, tuant près du quart des habitants. Cette épidémie intervient après une succession de crises (problèmes climatiques, guerres, famines et/ou épidémies) qui ont contribué à affaiblir la population. Considérant les effets que les famines, les épidémies et la malnutrition chronique peuvent avoir sur le développement et la santé des individus, nous avons cherché à mesurer l’impact des difficultés alimentaires et/ou des épidémies qui ont affecté les habitants de Martigues à différents moments de leur cycle de vie, et à évaluer le rôle des inégalités socio-économiques et de genre dans la présence des marqueurs de stress sur les individus observés. Notre étude s’appuie sur un corpus des squelettes de victimes de la peste de 1720, à Martigues. Une telle collection ostéologique est bien adaptée à notre problématique car elle est composée d’individus contemporains entre eux, décédés dans un laps de temps très court (moins d’un an), qui ont connu les mêmes contraintes environnementales et qui ont vécu selon les mêmes règles sociales. L'observation des stress vécus repose sur l’analyse de marqueurs de stress physiologiques (cribra orbitalia, hyperostose poreuse de la voûte crânienne, hypoplasie linéaire de l’émail dentaire et stature). L'analyse du corpus a nécessité la mise en œuvre de nouveaux outils méthodologiques, tant pour mieux mesurer l’intensité des stress vécus par la population à différents âges, que pour implémenter une analyse intersectionnelle en bioanthropologie. Ces données ont été enrichies par les informations historiques contextualisant l’état sanitaire de la population étudiée, ce qui nous a permis de démontrer la représentativité de l'échantillon par rapport aux victimes de la peste et par rapport à la population vivante (distribution par sexe et par âge et composition sociale). Cela nous a aussi permis de relier les stress observés dans certaines classes d’âge aux crises démographiques connues par les textes. Les résultats, validées statistiquement, ont été analysés en recourant à des concepts issus de la sociologie (tels que l’approche intersectionnelle et biosociale) que nous avons adaptés à l'archéologie et à la bioanthropologie. Analyser les marqueurs de stress sans le filtre d’une distribution préétablie, par sexe ou par groupes d’âge par exemple, permet de mettre en lumière l'impact des rapports sociaux sur le développement biologique des individus. Notre étude a ainsi mis en évidence un lien entre une naissance autour des années comportant des crises et l’observation d’une proportion plus élevée de marqueurs de stress physiologiques, chez les individus immatures. Nous n’avons pas observé le même phénomène chez les adultes, qui ont été affectés par les stress de façon plus uniforme. Nous observons néanmoins que le nombre des crises traversées et leur intensité ont un impact plus important sur l'état sanitaire des individus que leur appartenance à l’un ou l’autre sexe ou à tel ou tel groupe d’âge. Une contribution supplémentaire de cette thèse est le développement d’outils méthodologiques qui pourront être appliqués à d’autres études, ce qui a été rendu possible par le contexte exceptionnel de ce travail, en ce qui concerne la représentativité de la collection et la disponibilité de données historiques.

This work assesses the impact of demographic crises of different kinds within a society, taking as an example the town of Martigues (Bouches-du-Rhône) in the 18th century. This city was affected by the last major plague epidemic in France, the Great Plague of Marseilles, which affected Provence and Haut Languedoc between 1720 and 1722, killing nearly a quarter of the inhabitants. This epidemic took place after a succession of crises (climatic problems, wars, famines and/or epidemics) that have contributed to the frailty of the population. Considering the effects that famines, epidemics and chronic malnutrition can have on the development and health of individuals, we sought to measure the impact of food difficulties and/or epidemics that affected the inhabitants of Martigues at different times of their life cycle, and to assess the role of socio-economic and gender inequalities in the presence of stress markers on the observed individuals.Our study is based on a corpus of skeletons of victims of the plague of 1720, from Martigues. Such an osteological collection is well suited to our investigation because it is made up of contemporary individuals, who died in a very short time span (less than one year), who experienced the same environmental constraints and who lived according to the same social rules. The observation of experienced stresses is based on the analysis of physiological stress markers (cribra orbitalia, porotic hyperostosis of the cranial vault, linear enamel hypoplasia and stature). The analysis of this corpus required the implementation of new methodological tools, both to better measure the intensity of the stress experienced by the population at different ages, and to carry out an intersectional analysis in bioanthropology. These data were enriched by historical information contextualizing the health status of the studied population, which enabled us to demonstrate the representativeness of the sample with respect to the plague victims and thus also with respect to the living population (distribution by sex and by age and social composition). The historical data also allowed us to link the stresses observed in certain age groups to the demographic crises known from the texts.The statistically validated results were analysed using concepts from sociology (such as the intersectional and biosocial approaches) that we adapted to archaeology and bioanthropology. Analysing stress markers without pre-established filters, such as by sex or by age groups, sheds light on the impact of social relationships on the biological development of individuals. Our study thus demonstrated a link between birth around the years where crises occurred and the observation of a higher proportion of physiological stress markers on immature individuals. We have not observed the same phenomenon in adults, who were more evenly affected by stress. We nevertheless observe that the number of experienced crises and their intensity bear a greater impact on the health status of individuals than their membership to one or the other sex or to one or to another age group. An additional contribution of this thesis is the development of methodological tools that can be applied to other studies, which was made possible by the exceptional context of this work, regarding the representativeness of the sample and the availability of historical data.

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