2013
Cairn
Revault d’Allonnes Myriam, « Ce que dit la « crise » de notre rapport au temps », Vie sociale, ID : 10670/1.hthieo
Notre présent est envahi par la crise mais sa généralisation et son usage comme singulier collectif ( La crise) ont vidé la notion de son sens originel. Au départ associée à une situation extrême (voire paroxystique) qui appelle une sortie de crise, la « crise » désigne aujourd’hui un état permanent, marqué du sceau de l’indécision, et dont nous ne voyons pas l’issue. Un tel renversement témoigne d’une mutation significative de notre rapport au temps. Car nous ne sommes plus aujourd’hui dans cette modernité triomphante habitée par la croyance au progrès. Confrontés à un futur infigurable et indéterminé, nous n’en sommes pas moins contraints de reprendre en charge une question essentielle : celle de l’orientation vers le futur et de l’horizon de sens de nos sociétés contemporaines. La force contraignante de la crise ne signe pas pour autant le terme d’un processus inéluctable et elle ne nous enferme dans aucune fatalité : elle exige au contraire un retournement et une réinvention de nos modes de penser et d’agir.