La classe populaire n’est pas morte. Enquête sur une « famille sociale » en lutte dans une petite ville de l’ancienne Moselle du fer (2008-2018) Working Class is not Dead. Inquiry about a struggling “social family” in a small town of Iron Moselle (2008- 2018) Fr En

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3 juillet 2019

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Classe populaire Habitus Génération Working class Habitus Generation 305.56


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Vincent Burckel, « La classe populaire n’est pas morte. Enquête sur une « famille sociale » en lutte dans une petite ville de l’ancienne Moselle du fer (2008-2018) », Theses.fr, ID : 10670/1.hy6kvn


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Cette thèse s’appuie sur une enquête ethnographique menée pendant plusieurs années à Hagoncourt, une petite ville de Lorraine marquée par l’industrie du fer. Elle a pour objet l’histoire sociale de sa « classe populaire », c’est-à-dire d’un ensemble social localement situé rassemblant des individus socialement dominés, issus pour la plupart de familles ouvrières. Du XIXe siècle, jusqu’au milieu des années 1970, à Hagoncourt, l’usine sidérurgique et la mine de fer assurent à la ville et à sa population une prospérité relative, visible aussi bien dans ses cités bien tenues que dans ses nombreux commerces. La fermeture de l’usine puis de la mine, précipite la majorité des Hagoncourtois dans une crise économique et sociale sans précédent : plus que jamais, le chômage et la précarité touchent ou menacent tous les membres de l’ancienne « classe ouvrière ». Après quarante ans de politiques néo-libérales, de reflux du paternalisme aussi bien que du « communisme populaire » et de l’« insubordination ouvrière », ou encore d’oppositions internes exacerbées, le « peuple d’Hagoncourt » semble marqué par une sorte de désespérance à la fois sociale et politique, dont l’abstention aux élections est un indicateur sûr. Cependant, de la « génération du fer » (les « vieux ») à la « génération de la crise » (« les jeunes »), on retrouve une énergie sociale qui laisse penser que la classe populaire d’Hagoncourt est bien toujours en vie socialement. Depuis la crise financière et économique de 2007-2008, les membres de la classe populaire d’Hagoncourt, située dans la vallée de l’Orne-Fensch (où se trouve Hagoncourt) se sont distinguées dans leur luttes pour la survie de l’usine de Gandrange (2008) puis de celle de Florange (2012), avant de nourrir le mouvement des « gilets jaunes » à partir de 2018. De façon générale, ce qu’on peut appeler la « triple vie » ou les trois formes de l’habitus de la classe populaire d’Hagoncourt composent une figure collective contemporaine dans toute ses contradictions et ses convergences, face à la domination sociale : 1) Une morale agonistique ou « guerrière », traditionnellement considérée comme « masculine », qui valorise la force physique ou la rudesse des manières et du langage et qui peut aller jusqu’à un certain nihilisme ; 2) Une morale pacifique, traditionnellement considérée comme « féminine », qui privilégie la manière douce, une forme de timidité et qui peut tendre vers un certain conformisme social ; 3) Une morale politique ou civique, avec un penchant pour l’intérêt général et la recherche de sens, associée à la valorisation de la « culture », qui peut dériver aussi bien vers une sorte de « narcissisme social » que vers une disposition politique « révolutionnaire » résultant d’une « lutte des classes ».

What can be defined as the « triple life » of the working class, refers to the three forms of the working class’ habitus. The members of the working class do not equally display these forms according to the historical period. If for the “iron” generation sent to the hub or the kitchen since the age of 14 and designed to live a simple rough life in the “small-town”, the “hard model” of the habitus prevails in an evident way; the “crisis generation” that has over a long time been protected by the soft comfort of the family home and a juvenile atmosphere in school, now listens to the propaganda of a world that becomes more “open” and seems to start life in a “gentle slope”. Nevertheless, since 2008 the aggravation of the circumstances of working class’ life for an undetermined period, has led to a hardening of the ensemble in the context of unrestrained capitalism. According to the dominant ideology the working class should have melted into the bourgeoisie ever since the fall of the Berlin wall in the 1990’s. The young generation of the working class finds a new horizon of exploitation and domination. Poverty hits them instead of the “American dream” and a society without classes which they could have imagined while watching TF1. Considering their relationship with politics, it is known that the 1980’s (the Mitterand years) have marked a reflux of “popular communism” and the insubordination of the workers. Although, the years 2000 (the Sarkozy-Hollande-Macron years) come with a little new wind of popular insurrection that grows more and more intense, until it becomes the “yellow tempest” in 2018. Amongst the people of Hagoncourt that have been interviewed, with the exception of the “iron” and “crisis” generations, three forms of habitus can be identified that imply a social existence threatened and weakened by the dominant class: 1) agonistic or warlike morals traditionally considered « masculine », that valorise physical force and brutal manners and language and sometimes tend to a certain nihilism. 2) peaceful morals, traditionally considered “feminine” that give privilege to tender manners, a kind of timidity and sometimes tend to a certain social conformity. 3) political or civic morals with a preference for the general interest and the quest for meaning associated to the valorisation of culture and that can possibly take on a “revolutionary” political disposition.

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