Recourir à la pédopsychiatrie publique : étude dans six centres de soins parisiens

Résumé Fr En

Introduction : Selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 12 % des enfants et adolescents vivant en France (soit un sur huit) présentent des troubles psychiques. Les conditions de recours de cette population aux centres de santé mentale restent néanmoins peu explorées. But de l’étude : Notre objectif était d’apporter un double éclairage – statistique et discursif – sur l’orientation de cette population vers la pédopsychiatrie publique (profil socio démographique, acteurs à l’origine des demandes, motifs de première consultation, qualification des difficultés et troubles par les parents…). Méthodes : Cet article s’appuie sur une enquête quantitative et une enquête qualitative menées conjointement dans six centres de soins publics parisiens : deux centres médico-psychologiques (CMP), deux centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP), un centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) et une unité d’hospitalisation de jour (HJ). Au total, 581 fiches de premier appel et 73 dossiers-patients ont été analysés (correspondant à 654 enfants), puis complétés à titre illustratif d’extraits d’entretien issus de 59 monographies de familles. Résultats : Au-delà d’éléments descriptifs (sexe, âge, niveau scolaire, environnement socio familial, conditions d’accès aux centres…), cette étude a souligné la forte vulnérabilité de certaines familles, la diversité des motifs avancés pour entamer un suivi, ainsi que le rôle clé de l’institution scolaire dans le dépistage, puis l’orientation de ces jeunes vers des structures spécialisées en santé mentale. Conclusions : Ces résultats ouvrent des réflexions intéressantes sur l’instauration précoce de mesures préventives et offrent de nombreuses perspectives de recherche.

Introduction: According to the French National Institute of Health and Medical Research (INSERM), 12% of children and youth living in France (one in eight) suffer from mental disorders. However, the conditions for this population to use mental health services remain poorly explored. Purpose of research: Our aim was to provide a double-statistical and discursive-perspective on the orientation of this population towards public child psychiatry centers (socio-demographic profile, actors who made the requests, reasons for first consultations, difficulties and disorders qualification by parents…). Methods: This article is based on a quantitative and qualitative survey conducted in 6 public health centers in Paris: two Medical-Psychological Centers (CMP), two Medico-Psycho-Pedagogical Centres (CMPP), a Part-Time Therapeutic Reception Center (CATTP) and a Psychiatric Day Hospital (HJ). Overall, 581 first call forms and 73 patient files were analyzed (representing 654 children) and supplemented with illustrative interview excerpts from 59 family cases. Results: Beyond descriptive elements (gender, age, school level, socio-family context, conditions of access to the centers, etc.), this study stressed the high vulnerability of some families, the range of reasons given for initial follow-up as well as the key role of educational institutions in screening and referring the population to mental health care. Conclusions: These results open up interesting insights into the early implementation of preventive measures and offer many research opportunities.