2015
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Christophe Degueurce, « À propos de quelques ferrures du cheval de labeur conservées dans les collections du musée Fragonard de l’École nationale vétérinaire d’Alfort : la question de l’adhérence sur les pavés », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences, ID : 10.4000/insitu.12178
À une époque où le cheval de travail était soumis à des travaux de force comme la traction de charges lourdes, l’adhérence de ses pieds au sol était une condition de l’efficacité de la machine animale. Si la ferrure a été assez peu variée au Moyen Âge, les chevaux étant ferrés systématiquement avec des fers à rive externe ondulée et à crampons fixes, elle s’est ensuite considérablement diversifiée à partir de la Renaissance et a connu sa plus grande variété au XIXe siècle, à une époque où les chevaux étaient sélectionnés pour répondre à des tâches spécialisées. C’est ainsi que le cheval de halage bénéficia d’un fer couvert propre à le préserver des contusions par les pierres des lits de rivière ou que le cheval d’arme fut équipé de crampons mobiles. Dans le domaine de la traction civile, les fers restèrent souvent massifs mais la recherche de l’efficacité conduisit des inventeurs à proposer des ferrures très innovantes, plus légères et renforçant l’adhérence. Les compagnies de transports parisiens qui se développèrent dans la seconde moitié du XIXe siècle, et pour lesquelles la ferrure était un enjeu économique et sécuritaire majeur, furent des vecteurs d’innovation. La ferrure Charlier, qui connut un succès certain à la fin des années 1860, reprenait les idées que Lafosse avait développées au XVIIIe siècle ; elle consistait en un fin jonc métallique incrusté dans le pourtour du sabot, autorisant le contact de la corne du sabot avec le sol tout en en limitant l’usure. Avant de s’imposer, cette innovation suscita la polémique et des conflits entre les vétérinaires les plus influents de la capitale.