2013
Cairn
Daniela Lombardi et al., « Autorité des pères et liberté des enfants dans les États italiens réformateurs du XVIIIe siècle », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.j19myt
L’article examine la question de la patria potestas au moment du choix du conjoint dans le contexte des relations entre les autorités civiles et religieuses. Dans les États italiens d’ancien régime, la définition de l’autorité paternelle privilégie la ligne des ascendants masculins. Cependant, les pratiques judiciaires dessinent une parenté élargie aux descendants masculins et aux affins : en cas d’absence du père, ce sont les frères et la mère (parfois les oncles) qui s’adressent au tribunal diocésain pour empêcher que les enfants ne se marient sans tenir compte des logiques familiales. Les questions de mésalliance s’insinuent ainsi dans les dossiers judiciaires des autorités religieuses. Face à cette demande, certains milieux ecclésiastiques proposent des mesures pour consolider le pouvoir des pères, en même temps que celui des évêques, en anticipant les réformes des souverains des Lumières. Dans la deuxième moitié du xviiie siècle, ces souverains promulgueront des ordonnances visant à limiter la liberté matrimoniale des enfants de famille que le droit canonique avait reconnue : d’un côté en renforçant l’autorité paternelle, de l’autre en réduisant la protection juridique accordée aux femmes séduites. Il s’agit, dans les deux cas, de remettre en cause le caractère contraignant de la promesse de mariage, qui donnait aux jeunes gens la possibilité de se marier contre la volonté de leurs familles. Ces réformes font partie de la politique d’affaiblissement de la juridiction ecclésiastique que les souverains « éclairés » des États catholiques du Sud, y compris l’Espagne et le Portugal, mettent en place deux siècles après la France.