Un concept contre-révolutionnaire : la « politique historique » en Pologne

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Ce texte entreprend une analyse sémantique du concept de politique historique qui constitue une importante clé de compréhension des transformations sociales de la IIIe République de la Pologne et de la modernité en général. Le concept de politique historique fut popularisé à la fin des années 1990 par des intellectuels liés au Club Varsovien de la Critique Historique (WKKP) avant d’obtenir une résonance plus large en tant que l’un des piliers de la révolution sémantique initiée par le parti Droit et Justice dans les années 2003 – 2005. L’expression de l’institutionnalisation de ce concept fut l’ouverture en 2004 du Musée de l’Insurrection de Varsovie dont des membres du WKKP furent les co-auteurs. Le concept de politique historique apparut dans un contexte de critique de la modernité et de rupture caractéristique avec le passé auquel le concept de politique historique préférait le futur. Ce concept avait une dimension moderne : en tendant vers la transformation révolutionnaire du réel, il faisait le choix du futur sans pour autant rompre avec le passé, mais en revenant à lui.

A semantic analysis of the concept of a “politics of history” is essential to understanding the social transformations of the Third Republic of Poland and modernity in general. At the end of the 1990s, intellectuals associated with the Warsaw Club of Political Criticism (WKKP) popularized the idea of a “politics of history”, which became a cornerstone in the semantic revolution of the Law and Justice Party (PiS) during 2003-2005. The opening in 2004 of the Warsaw Uprising Museum, cocreated by members of the WKKP, institutionalized this concept. Having appeared as a critique of modernity and in the context of a break with the past and of an orientation toward the future, this concept had a modern dimension: the pursuit of a revolutionary transformation of reality. Its reference to a future was not a break with the past, but a return to it.