2021
Cairn
Valérie Toureille, « Christine de Pizan et Le Livre du Corps de policie », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, ID : 10670/1.j3vpc0
Le Livre du Corps de policie de Christine de Pizan (1406-1407) s’inscrit dans une trilogie, entre le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V (1404), qui est un miroir du bon gouvernement et le Livre de la Paix (1412-1413), dédié au prince Louis de Guyenne, qui énumère les sept vertus du prince. Après un rappel contextuel (politique et littéraire) nécessaire à l’analyse de l’œuvre, qui s’inscrit dans la tradition de l’exposé des vertus du prince, il ressort que la particularité et la modernité de Pizan se situent dans son usage de la théorie organiciste, soit la représentation (classique) de l’État en un corps humain politique qui forme ce « corps de policie », comme entité abstraite. Il appartient au roi de maintenir l’ordre social établi et l’unité dans ce corps politique, non sans s’appuyer particulièrement sur les fidèles officiers, le tiers ordre (les villes et les bourgeois précisément) et les assemblées représentatives nouvelles. Le roi « n’est que le dépositaire d’un office », dans une vision moderne de la souveraineté. Pizan est non seulement la première femme – engagée – à écrire un miroir au prince mais aussi celle qui réussit à faire de son miroir un traité de science politique de son temps expliqué à un enfant.