2021
Cairn
Alan Kirman, « Rational expectations in a changing world », Revue d'économie politique, ID : 10670/1.j6ap7r
Les anticipations permettent de s’intéresser à ce qui va advenir dans le futur comme elles peuvent être totalement déconnectées de toute dimension temporelle. Dans les deux cas, elles occupent une place fondamentale en science économique. Quand on cherche à savoir comment une économie va évoluer au cours du temps, on est forcé d’émettre des hypothèses sur les modalités selon lesquelles les agents qui prennent les décisions économiques anticipent le futur. Dans un environnement incertain, il n’est pas possible de modéliser l’évolution de l’économie sans faire des hypothèses sur les anticipations formées par les individus. Les économistes généralement supposent qu’en se fondant sur leurs anticipations, les individus font les « meilleurs » choix possibles. Cette « hypothèse d’anticipations rationnelles » suppose d’une certaine manière que les agents aient connaissance du processus qui gouverne l’évolution de l’économie. Ce papier soutient que non seulement cette vision des choses est irréaliste et ne correspond pas à ce qui empiriquement observé mais qu’elle est aussi totalement incompatible avec la non-ergodicité associée au caractère éminemment complexe de nos systèmes socio-économiques. Étant donné l’impossibilité de construire une véritable théorie fondée sur des comportement « rationnels » ou encore optimaux, nous pourrions avoir besoin de fonder notre analyse sur des sortes d’heuristiques semblables à celles que les individus, ou même les animaux utilisent pour déterminer leurs actions futures. Dès lors, le comportement agrégé ne serait plus le fruit de calculs sophistiqués des agents mais le produit de l’interaction entre agents mobilisant ces heuristiques.