2013
Cairn
Claude Gélinas, « Pluralisme religieux et radicalisme en milieu autochtone au Canada », Histoire, monde et cultures religieuses, ID : 10670/1.jc99aw
Depuis plus d’une quarantaine d’années, les populations autochtones du Canada sont engagées dans une démarche de réappropriation des acquis perdus dans le sillon du colonialisme. Manifeste à travers les multiples revendications territoriales et autonomistes ou les manifestations ou les protestations ponctuelles, cette action politique s’accompagne d’une réactualisation de la culture et de la spiritualité dites traditionnelles à des fins identitaires. Or, tant à l’échelle communautaire qu’à l’échelle pan-autochtone, la définition d’une identité collective s’avère rarement consensuelle ; puisqu’elle fait appel à un ensemble d’attributs sélectionnés à partir de catégories référentielles, autant matérielles, physiques, historiques, psychoculturelles que psychosociales, ce ne sont pas tous les individus qui attachent la même signification ou la même pertinence à tel ou tel attribut ou marqueur identitaire. Dès lors, toute identité collective s’appuie nécessairement sur une part d’essentialisme à laquelle les individus adhèrent à des degrés variables Lorsqu’une forme de conciliation ne peut être atteinte entre l’expression de l’identité collective et celles des identités individuelles, des dysfonctionnements sociaux peuvent surgir, notamment sous la forme d’attitudes ou de comportements radicaux. C’est ce dernier phénomène qui est abordé ici à la lumière des démarches de définition identitaire à l’œuvre au sein des communautés autochtones du Canada, en portant une attention plus particulière aux tensions qui émergent lorsqu’il s’agit de définir la composante religieuse de l’identité collective et qui, à l’occasion, se traduisent par un radicalisme pourtant contraire aux schèmes de valeurs dominants. Cet article s’appuie tout particulièrement sur des cas faisant référence au domaine des droits et des instances juridiques en contexte de reconnaissance du pluralisme.