2019
Cairn
Charles de Miramon et al., « Sang, hérédité et parenté au Moyen Âge : modèle biologique et modèle social. Albert le Grand et Balde », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.jhj39a
Cet article étudie la place de l’hérédité et du sang héréditaire chez deux grands penseurs du Moyen Âge, le théologien et philosophe de la nature Albert le Grand (vers 1200-1280), et le juriste Balde degli Ubaldi (m. 1400). Après avoir décrit le tournant héréditaire du xive siècle, avec l’émergence de plusieurs nouveaux concepts (le sang royal, la maladie héréditaire), on cherche à étudier comment des modèles biologiques pouvaient être repris pour expliquer les structures juridiques de la parenté. Albert le Grand est l’un des rares penseurs de l’époque à justifier les empêchements du mariage pour consanguinité par des arguments physiologiques détaillés. De même, la philosophie naturelle influence les théories sur la filiation développées par Balde. Cependant, les théories d’Albert sont peu reprises et on ne peut pas parler de déterminisme héréditaire chez Albert le Grand ou chez Balde. La théorie de la génération albertienne, de même que la casuistique développée par Balde sur les bâtards nobles, montrent que dans les débats sur les structures juridiques de la parenté la philosophie naturelle est souvent oubliée ou un simple miroir des convenances sociales. On peut comparer la place du sang héréditaire au Moyen Âge avec l’ambiguïté des usages actuels des tests ADN sur l’origine ethnique.