Politiques de l’écriture et régimes du collectif dans les avant-gardes littéraires en mai-juin 1968

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2018

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avant-gardes littéraires collectif années 68 écrivains


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Boris Gobille, « Politiques de l’écriture et régimes du collectif dans les avant-gardes littéraires en mai-juin 1968 », Triangle. Action, discours, pensée politique et économique, ID : 10.7202/1042864ar


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Résumé En Fr

This article explores the impact of May-June 68 on the French literary avant-garde. The protests appeared to bolster the revolutionary aspirations of the avant-garde writers, yet proved as much a defeat for them. They had to enter the arena and establish collectives. The politics of avant-garde literature, at least that basing social revolt on a theory-driven language revolution, was countered by the generalized, egalitarian, anonymous, everyday utterance. How did the avant-garde confront this challenge? Three positions are examined. Tel Quel, hostile to the student movement, entered as an already formed group exemplifying the breach between specialized theoreticians and common spontaneists. On the other side, the Comité d’action étudiants-écrivains, established on May 18, 1968 at occupied Sorbonne, aligned with the symbolic matrix of May, advocating merger with the revolutionary movement and breaking with writer privileges to conceive a “writing communism” based on anonymity and impersonality. Lastly, the Union des écrivains, also born during the events, contested the “established literary order” and questioned the relationships between literary writing and the “generalized writing” of May. It also generated a collective union-type action heralding the writer as a “worker” whose “social death” must be prevented and breaking with the literary mythologies that portray the author as an ethereal solitary creator. In challenging the literary singularity, the May-June 68 political community forced the avant-garde to rethink its politics of literature and conceptions of the collective. This article looks at the relationships between literary field and critical event, examining the reshapings that occurred in the immediate post-May period.

Cet article explore l’impact de Mai-Juin 68 sur les avant-gardes littéraires françaises. La contestation paraît conforter les écrivains d’avant-garde dans leurs aspirations révolutionnaires. Mais elle les défie tout autant. Ils se doivent de descendre dans l’arène et de former des collectifs. Les politiques de la littérature avant-gardistes, du moins celles qui font reposer la révolution sociale sur une révolution dans le langage armée par le savoir théorique le plus avancé, sont contestées par la prise de parole généralisée, égalitaire, anonyme et profane. Comment les avant-gardes affrontent-elles ce défi ? Trois positions sont examinées. Tel Quel, hostile au mouvement étudiant, intervient comme groupe déjà constitué et réaffirme la coupure entre théoriciens spécialisés et profanes spontanéistes. À l’inverse, le Comité d’action étudiants-écrivains, formé le 18 mai 1968 dans la Sorbonne occupée, s’aligne sur la matrice symbolique de Mai, prône la fusion dans le mouvement révolutionnaire et la rupture avec les privilèges de l’écrivain, et bâtit un « communisme d’écriture » fondé sur l’anonymat et l’impersonnalité. Enfin, l’Union des écrivains, née elle aussi durant les événements, conteste « l’ordre littéraire établi » et interroge les rapports entre l’écriture littéraire et « l’écriture généralisée » de Mai. Elle construit en outre une action collective de type syndical qui, parce qu’elle pose que l’écrivain est un « travailleur » dont il faut empêcher la « mort sociale », rompt avec les mythologies littéraires présentant l’auteur comme un créateur éthéré et solitaire. Le régime de communauté politique propre à Mai-Juin 68 télescope donc le régime de singularité littéraire et contraint les avant-gardes à repenser à la fois leurs politiques de l’écriture et leurs conceptions du collectif. Cet article, qui souhaite contribuer à l’étude des rapports entre champ littéraire et événement critique, interroge enfin ce qu’il advient de ces remaniements dans l’immédiat après-Mai.

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