2016
Cairn
Loïc Riom et al., « « Plus on est vieux, plus on se protège » : le sentiment de sécurité chez les personnes âgées », Retraite et société, ID : 10670/1.jpy7e3
Cet article repose sur une étude qualitative menée auprès de personnes âgées vivant à domicile dans une grande ville de Suisse romande et portant sur leur sentiment de sécurité/insécurité. Cette étude se distancie des approches abordant la question uniquement sous l’angle de la peur du crime. Nos résultats révèlent un important contraste entre la tendance des médias et des institutions à dénoncer l’insécurité à laquelle seraient exposées les personnes âgées et les préoccupations exprimées par ces dernières. En effet, si nos données montrent un mouvement de repli progressif sur le quartier, voire sur le domicile, peu de personnes rencontrées déclarent ne pas se sentir en sécurité. Pour les personnes interviewées, la question de la sécurité est d’abord associée à leur vulnérabilité croissante qui les amène à développer différentes parades pour limiter les entraves liées au vieillissement, notamment en matière de mobilité. Ces parades font partie du processus de déprise qui n’est pas à comprendre comme un renoncement à un monde perçu comme menaçant sur la seule dimension de la criminalité, mais comme une adaptation qui permet à la personne âgée de maintenir des activités porteuses de sens alors même que le processus de fragilisation la rend plus vulnérable. Porter attention aux définitions subjectives de la sécurité et de l’insécurité et les interpréter à la lumière du processus de déprise souligne la nécessité de distinguer différentes facettes du sentiment de sécurité et de prendre en compte le contexte de vie des individus dans la compréhension de ce sentiment.