2012
Cairn
David Wingeate Pike, « Les anarchistes et la guerre d'Espagne : apports nouveaux », Guerres mondiales et conflits contemporains, ID : 10670/1.ksf3hi
Guerre sans pareille, celle d’Espagne, car unique parmi les conflits : pour la première fois dans une guerre, la gamme entière de l’idéologie politique fut représentée. L’auteur présente d’abord la partie d’extrême gauche de la gamme : à la gauche du petit Parti communiste (PCE, stalinien) se trouvent ses rivaux partis communistes implacables, et encore plus à gauche cette masse énorme des anarchistes qui avaient fait de Barcelone la capitale mondiale du mouvement libertaire. Dans leurs rangs, des nihilistes, certes. Mais aussi des personnes de grande valeur, tels Montseny, García Oliver, Abad de Santillán, Durutti, Berneri. L’ironie du sort voulut que quatre anarchistes acceptent d’occuper des postes au gouvernement républicain ; ce faisant, ils devaient faire face plus tard aux vives critiques de leurs condisciples. Plaider auprès des anarchistes l’obligation de la discipline, c’était pour un leader anarchiste la tâche sublime, mais comment faire la guerre sans accepter la discipline ? Les anarchistes devaient affronter, en même temps, les fascistes en face et les staliniens à leur côté, les deux camps cherchant également leur perte. Si les staliniens triomphaient sur les anarchistes, aux jours de mai 1937, en rejouant à Barcelone le massacre de Kronstadt de 1917, leur triomphe leur coûterait cher, car il gravait, chez des millions d’hommes et de femmes de gauche autour du monde, haine et mépris pour Staline et pour ceux qui travaillaient pour lui.