2020
Cairn
Aurélien Lignereux, « La Rome des impériaux. Vivre à la française dans la seconde ville de l’Empire », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.kt0qvo
L’incorporation de Rome au sein de l’empire napoléonien ne s’effectue nullement en un terrain vierge au préalable de présence française. Au contraire, les fonctions d’une ville telle que Rome y attiraient les voyageurs et avaient fixé, par couches sans cesse renouvelées, des marchands, des artistes et des prélats, jouissant même de formes de reconnaissance institutionnelle. Avec l’occupation napoléonienne, non seulement cette présence change d’échelle et de nature, puisque la Rome des Français, artistique, ecclésiastique et diplomatique, s’efface avec l’arrivée massive des militaires et des fonctionnaires, mais c’est aussi le rapport des Français à la ville et à ses habitants qui s’infléchit, et même leur identité collective qui se redéfinit. Bardés de certitudes et cultivant volontiers l’entre soi, ces agents arrivent pourtant à Rome avec l’envie d’en goûter la supposée Dolce Vita et avec la mission d’en rallier les élites. De là, les contradictions sensibles au niveau des individus et les tensions qui les opposent entre eux. Les prétentions et les préoccupations de ce groupe n’en annoncent pas moins les communautés d’expatriés de la période ultérieure.