2020
Cairn
Andrea Benedetti, « Le Bureau Socialiste International face à la question coloniale : les difficiles chemins d’un traitement supranational, 1900-1914 », Cahiers Jaurès, ID : 10670/1.kwp8mv
La Deuxième Internationale peine à atteindre un stade idéologique et institutionnel apte à prendre la relève des partis métropolitains dans le traitement du colonialisme. Le Bureau Socialiste International (BSI) doit faire preuve de volontarisme pour affirmer ses prérogatives d’initiative et coordination dépassant la barrière de souveraineté des partis nationaux. Les crises coloniales deviennent un terrain d’apprentissage des modalités, contenus et limites de l’impulsion supranationale de mobilisations de protestation transnationales, homogènes et simultanées, préfigurant un élargissement progressif du mandat du BSI. Celui-ci parvient également à esquisser des tentatives d’inclusion étroite et directe des groupes socialistes des colonies dans les structures de l’Internationale, afin de dépasser les relations traditionnellement bilatérales mais inégalitaires qu’ils entretenaient avec leurs partis métropolitains respectifs. Finalement, lorsque la catégorie du colonialisme perd son autonomie analytique pour être incluse dans celle plus large de la paix, le BSI parvient à opposer une politique réellement internationale contre les aventures coloniales qui fragilisent les équilibres européens.