2 septembre 2019
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Fanny Tessier, « L’expérience pédagogique et esthétique des écoles de danse Duncan (1904-1935) : transmission et incorporation de l’idéal d’un corps jeune, féminin et en mouvement », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.l5k326
Ce mémoire de recherche porte sur le travail pédagogique réalisé en France et en Allemagne par la danseuse américaine Isadora Duncan et sa sœur Elizabeth Duncan dans leurs écoles de danse pour jeunes filles de 1904 à 1935. Cette étude, à la croisée de l’histoire, de l’histoire de l’art, de la danse, du genre et grâce à l’usage d’un corpus de sources très variées (écrits privés, textes poétiques, correspondances, documents administratifs en langues allemande, française et anglaise, photographies et dessins), entend reconstituer le vécu de ces jeunes élèves, ainsi que les discours et représentations entourant leur scolarité. Nous analysons ainsi la façon dont leur corps féminins sont façonnés, modifiés, améliorés par l’esthétique idéaliste d’Isadora Duncan et par la pratique d’une danse dite « libre ». Par leur placement dans des écoles/pensionnats de 5 à 17 ans, les élèves forment un groupe exceptionnel, isolé et partiellement exclu de la société. Durant une période de renouvellement des savoirs sur le corps en Europe et sous l’influence germanique de la Lebensreform, ces écoles de danse se font alors le lieu d’expérimentations esthétiques, scientifiques et morales nouvelles dont les élèves en sont les cobayes. Les corps sont entraînés par la pratique de l’éducation physique, assainis par une vie en plein air et un hygiénisme forcené, magnifiés par l’incorporation d’une esthétique grecque antique et une observation des mouvements de la nature. A l’occasion de performances publiques, les corps exposés deviennent le moyen de transmission des idéaux artistiques d’Isadora Duncan et de diffusion d’un modèle de corporéité nouveau : celui d’un corps féminin jeune, dénudé et en mouvement.