2017
Cairn
Guy Burgel, « Perspectives démographiques, économiques et politiques dans les Balkans », Études Balkaniques, ID : 10670/1.l6aqdr
La chute du mur de Berlin en 1989 marqua durablement les conditions d’évolution des populations et des économies dans toute une partie de l’Europe de l’Est, spécialement du Sud-Est. C’est d’abord une crise démographique aux contours multiples. Les statistiques montrent la profondeur et la durée des pertes démographiques qui ont frappé les anciens pays communistes de l’Europe balkanique au tournant du xxe siècle. La raison de ces inversions de croissance démographique est à rechercher dans la conjonction historique entre une natalité qui s’effondre, et une émigration massive hors des frontières nationales. La résultante inévitable de ces mécanismes est le vieillissement rapide des populations. Il est le principal responsable de la progression des taux de mortalité générale. Ces éléments pourraient devenir pénalisants pour l’avenir des pays de la région. Ce décrochage démographique des pays balkaniques doit être nuancé et corrigé par d’autres indicateurs, qui montrent au contraire que les conditions de vie des populations s’améliorent très sensiblement (mortalité infantile, « indicateur de développement humain »).Par ailleurs, les incertitudes économiques se maintiennent et les interrogations persistent. Le retard de l’Europe balkanique jusque dans les années 80 s’est progressivement atténué. La richesse moyenne s’est incontestablement accrue, même si cette accélération de la croissance s’est traduite par un accroissement des inégalités.Mais la plus grande nouveauté réside dans le renversement des défis que doit relever l’Europe balkanique. Longtemps suiviste des modèles de l’Europe de l’Ouest et du Nord, elle voit apparaître des enjeux propres. La Grèce est pour la première fois de sa courte histoire d’après-guerre confrontée à la nécessité de construire un État capable de remplacer un système sociétal à bout de souffle. Les ex-pays communistes sont tentés d’oublier les vieilles tentations égalitaristes du communisme, sans avoir pris le temps d’élaborer les rudiments d’une solidarité démocratique à l’occidentale, au risque de favoriser les replis nationalistes et extrémistes.Ces défis régionaux sont aujourd’hui rattrapés par un autre enjeu planétaire : un cycle de migrations internationales aux conséquences humaines imprévisibles. Dans un monde d’incertitudes et d’espérances sur l’avenir et la continuité du progrès des nations, il place les pays balkaniques en première ligne de la solidarité, de la sécurité, et du maintien de la prospérité sur le continent européen.