18 juin 2019
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Clémence Grenat, « Mises en scène du Cid de Corneille au XXe siècle : Jacques Copeau (1940), Jean Vilar (1951) et Roger Planchon (1969) », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.lixvjf
Les mises en scène du Cid de Jacques Copeau, Jean Vilar et Roger Planchon mettent en avant les enjeux dramatiques de l’œuvre de Corneille, en entrant en résonance avec de grands événements historiques de la nation et de la société du XXe siècle. La volonté de ces metteurs en scène de monter ce grand classique du théâtre français apparaît à des moments charnières de l'Histoire de France. Effectivement, Jacques Copeau décide de mettre à l'honneur cette tragi-comédie lors de la Seconde Guerre mondiale, alors que le gouvernement de Vichy s'impose, et que l'armée Allemande marche sur Paris. Pour Jean Vilar, il semblerait que ce soit cette œuvre de Corneille qui soit le meilleur vecteur pour aider à la communion du peuple français au lendemain de la Libération, ainsi que de redonner espoir et courage à la jeunesse. Roger Planchon, quant à lui, adapte et actualise l’œuvre de Corneille pour l'inscrire dans une représentation critique et réaliste, dans le prolongement des révoltes étudiantes et ouvrières de mai 68. L’œuvre de Corneille semble profondément inscrite dans l'Histoire de France et en résonance avec ses événements. Malgré les contextes historiques, idéologiques et esthétiques qui évoluent au gré du temps et les différences qui découlent de ces mises en scène, celles-ci se retrouvent à la croisée des chemins d'une notion clé qui traverse le théâtre du XXe siècle, celle de théâtre populaire. Le Cid est une pièce qui parle à tous, dans la mesure où elle a été étudiée par des générations successives de collégiens depuis l’avènement de l’école obligatoire. Cette pièce permet également de questionner le pouvoir en place, et le poids de certaines valeurs héritées. Corneille l’a fait au XVIIe siècle, Planchon le fera – bien sûr, différemment ‒ en 1969. Pour Vilar, cette pièce est le chef-d’œuvre qui peut réunir tous les publics du théâtre populaire en une communauté ; pour Planchon, elle sera le point de départ d’une réflexion sociale et culturelle. Le plan de ce mémoire, qui retrace ces trois créations de façon chronologique, permet de retrouver ces divers enjeux (personnel, esthétique et politique) à travers des mises en scène de l’époque contemporaine.