Paludisme du retour : une anthropologie du risque palustre chez les voyageurs migrants originaires d'Afrique subsaharienne de Bordeaux Malaria of return : an anthropology of malaria risk among migrant travelers from sub-Saharan Africa in Bordeaux Fr En

Résumé Fr En

La France est le pays industrialisé le plus touché par le paludisme d’importation avec environ 4735 de cas importés et répertoriés en 2016. Les voyageurs migrants, originaires des pays où sévit le paludisme et résidant en France, représentent 82,2 % des cas d’infections palustres. Cette thèse cherche principalement à analyser la question du recours à la prévention du risque palustre auprès des voyageurs migrants originaires des pays d’Afrique Subsaharienne de Bordeaux. À partir d’observations directes et d’entretiens individuels avec différents acteurs, cette recherche montre une hétérogénéité des situations d’exposition au risque palustre lors du retour temporaire au pays d’origine. Ce risque dépend des situations expérientielles, et socio-économiques, ainsi que des charges qu’il est supposé y assumer. Lorsque ces charges sont importantes, le voyageur migrant a tendance à hiérarchiser les risques, avec une non-priorisation du palustre au profit du risque de « toubabisation », socialement moins accepté. La non-priorisation du risque de paludisme est accentuée par une perception banalisante, ordinaire et quotidienne du paludisme en contexte de migration et par le non-remboursement de la chimioprophylaxie par la Caisse Nationale Assurance Maladie. Ce travail montre que le non recours à la chimioprophylaxie est influencé par l’absence d’expérience du paludisme en France et de paludisme grave dans le pays d’origine. Souvent, il faut que l’expérience de cette maladie soit vécue et perçue dans le pays d’accueil pour qu’elle induise un changement de perception et donc, un recours futur à la prévention. Sur le plan thérapeutique, cette thèse met en évidence des retards de diagnostic du paludisme en médecine générale. Ces retards sont causés par l’absence d’association de la « fièvre du retour » et des symptômes associés à un accès palustre, et par son « exotisme » en France. À ce titre, cette recherche apporte une contribution aux réflexions dans les champs de l’anthropologie de la santé et de l’anthropologie du risque lié au voyage avec comme exemple les voyageurs migrants exposés au risque palustre.

France is the industrialized country most assigned by import malaria with around 4735 imported and registered cases in 2016. Migrant travelers from malaria-affected countries residing in France account for 82.2% of all malaria cases. malaria infections. This thesis mainly seeks to analyze the issue of the use of malaria risk prevention among migrant travelers from sub-Saharan African countries in Bordeaux. Based on direct observations and individual interviews with different actors, this research shows the heterogeneity of situations of exposure to malaria risk during temporary return to the country of origin. This risk depends on the experiential and socio-economic situations, as well as the burdens it is supposed to assume. When these burdens are significant, the migrant traveler tends to prioritize the risks, with a non-prioritization of malaria control in favor of the risk of “toubabisation”, socially less accepted. The non-prioritization of the risk of malaria is accentuated by a banal, ordinary and daily perception of malaria in the context of migration and by the non-reimbursement of chemoprophylaxis by the National Health Insurance Fund. This work shows that the non-use of chemoprophylaxis is influenced by the lack of experience of malaria in France and severe malaria in the country of origin. Often, the experience of this disease must be experienced and perceived in the host country to induce a change of perception and therefore a future use of prevention. Therapeutically, this thesis highlights delayed diagnosis of malaria in general practice. These delays are caused by the lack of association of the “return fever” and symptoms associated with malaria, and by its “exoticism” in France. As such, this research contributes to reflections in the fields of anthropology of health and anthropology of travel risk, with the example of migrant travelers exposed to malaria risk.

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