L'exercice de la rémission et la construction étatique (France, Pays-Bas)

Résumé Fr En

Pour approcher les homicides de l’époque préstatistique en France ou en Belgique, les chercheurs disposent de lettres de rémission, dont la production est liée à l’exercice du droit de grâce par le souverain. À partir de cette source, des courbes du nombre de rémissions ont pu être établies, et envisagées par certains comme représentatives de la violence réelle, interprétant une hausse du nombre de rémissions comme une hausse de la violence. Cet article se propose de démontrer que les variations d’une telle courbe sont tributaires de multiples facteurs (parmi lesquels la proximité de l’administration et du souverain) ne permettant pas de considérer les rémissions pour homicide comme représentatives de la violence réelle. Une approche comparée entre le royaume de France et les Pays-Bas a permis de dégager des rapprochements, mais aussi des facteurs propres à l’un ou l’autre espace.

In order to address homicides of the prestatistical period in France or in Belgium, researchers can leverage letters of remission, which were produced through the carrying out of the royal right of pardon. From that source, curves of remission numbers have been established and have been considered by some as representatives of actual violence. Indeed, an increase in the number of remissions was interpreted as a sign of a surge in violence. This article aims at demonstrating that variations of such a curve depend on multiple factors (among which the closeness of the administration and the sovereign) which do not enable to consider remissions for homicides as representatives of actual violence. A compared approach between the realms of France and the Low Countries made it possible to highlight connections as well as distinct factors for both spaces.