2018
Cairn
Solange Vernois, « Le veuvage au féminin : Images de la veuve dans la presse humoristique illustrée française à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.lqnau4
Dans le dessin satirique et la caricature de la Belle Époque, les artistes ont souvent mentionné les ambiguïtés entre le statut du veuvage et la condition féminine, entre la protection sociale et l’aspiration à la liberté individuelle. D’une part, ils ont associé le veuvage à des contraintes matérielles, imposant des mesures de prévoyance avant le décès de l’époux, et ont exacerbé la peur de la pauvreté. D’autre part, ils ont montré les aspects paradoxaux du veuvage. Déterminé par des normes morales valorisant la sacralisation du souvenir « à perpétuité », celui-ci expose la femme sans époux, libérée du statut matrimonial, à une liberté jugée dangereuse. Non sans un certain cynisme, les caricaturistes ont débusqué les stratagèmes de la société pour déjouer les conventions et sauvegarder les apparences, en particulier durant la période du deuil. Dépendante du passé, du présent et de l’avenir, la veuve est, d’une certaine manière, le révélateur des préjugés de l’époque, mais aussi d’incertitudes laissant le champ libre à l’expression d’idées féministes novatrices.