2021
Cairn
Yann Strauss, « Se raconter en mots et en images dans la grande dépendance : le livret d’identité en Ehpad », Le sujet dans la cité, ID : 10670/1.m2fmkr
Alors que l’espoir de vivre bien et vieux n’a jamais été aussi grand, pour un grand nombre, le désespoir serait de vivre la grande dépendance. Pourtant certains n’ont pas le choix : quand les maladies chroniques s’installent, qu’une chute fait rupture, que la tête ne suit plus, c’est un tournant de vie (Lesourd, 2009) et, rapidement, l’exclusion de la société pour une inclusion en institution gériatrique. Comment des personnes âgées polydépendantes peuvent vivre cette « inhumaine condition » (Malherbe, 2015), dans une « institution totalisante » (Goffman, 1968) ? C’est la problématique soulevée dans cet article. À partir d’une étude qualitative compréhensive conduite selon la méthodologie de la clinique dialogique développée par M. Lani-Bayle et d’une recherche-action que nous avons menée, nous apportons quelques réponses. Le récit de vie est une possibilité, il peut être complété par des créations artistiques, le tout encré sur un support papier : les livrets d’identité réalisés dans le cadre d’ateliers individuels et collectifs qui sont aussi vecteurs de socialisation. Ils redonnent sens à l’humain vulnérable, lui redonnent de l’estime de soi et contribuent à modifier le regard de l’autre qu’il soit voisin de chambre, soignant ou simple visiteur.