2009
Cairn
Mogens Lærke, « Immanence et extériorité absolue. : Sur la théorie de la causalité et l'ontologie de la puissance de Spinoza », Revue philosophique de la France et de l'étranger, ID : 10670/1.m44087
Immanence et extériorité absolue. Cet article explore la conception spinozienne du rapport entre substance et mode en analysant les notions de cause de soi, de cause immanente et de puissance. Nous soutenons que la théorie spinozienne de la causalité constitue une tentative pour développer une ontologie relationnelle de la puissance dans laquelle toute dénomination intrinsèque est fondée sur une dénomination extrinsèque. Par opposition à une interprétation courante selon laquelle la substance de Spinoza est une sorte de grande monade dans laquelle toutes choses inhèrent comme les prédicats inhèrent à un sujet logique, nous maintenons que l’ontologie de l’immanence opère une extériorisation radicale de l’être : pour un mode fini, « exister » est s’extérioriser en tant que cause, c’est-à-dire agir. La substance, en revanche, n’est rien que la causalité en tant que telle, ou une forme absolue de l’extériorité. Par conséquent, quand Spinoza maintient que toutes choses sont « en Dieu » (in Deo), la préposition in ne signifie pas s’intérioriser « dans un sujet » (in subjecto), mais plutôt s’extérioriser « dans l’action » (in actione).