Que savons-nous vraiment de la société athénienne ?

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2016

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Kostas Vlassopoulos et al., « Que savons-nous vraiment de la société athénienne ? », Annales. Histoire, Sciences Sociales, ID : 10670/1.md62mu


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Les récits traditionnels sur la société athénienne interrogent peu les sources, considérées comme le reflet fidèle de la réalité athénienne. Ils présentent le modèle de citoyens travaillant sans contrainte en tant que producteurs indépendants tandis qu'une élite accumule les richesses en exploitant des esclaves. Ce modèle sous-estime aussi bien les effets grossissants que les omissions systématiques des sources, ainsi que leurs implications. Cet article offre une méthodologie alternative pour représenter la société athénienne, en cartographiant le champ de vision des sources athéniennes et les discours qui ciblent délibérément certains aspects, tout en en laissant d'autres dans l'ombre. Il étudie en particulier la distinction en vigueur à Athènes entre hommes libres et esclaves, et montre que la mise en avant de cette distinction découle moins de l'importance de l'esclavage à Athènes qu'elle ne révèle la tendance des sources à ignorer le grand nombre d'hommes libres qui ne travaillaient pas à leur compte. La marge est donc grande entre le clivage qui sépare en théorie nettement hommes libres et esclaves, et son application dans la pratique. Afin de renouveler notre approche de la société athénienne, il convient de prendre en compte ces aspects, systématiquement exclus du viseur de nos sources, mais aussi d'appréhender certaines distinctions conceptuelles majeures, par exemple entre hommes libres et esclaves, non pas comme le reflet de la réalité, mais comme l'illustration du regard qu'une société choisit de porter sur elle, et d'en rechercher les fondements historiques.

Traditional accounts of Athenian society tend to take our sources at face value, as direct reflections of Athenian reality. They present a model of free citizens working as independent producers, while the elite derived its surplus from the exploitation of slaves. This model underestimates the systematic omissions of the sources, their consistent and distorting focus, and the implications of these biases. By mapping the field of vision of Athenian sources and the discourses that focus attention on certain aspects while leaving others in the shadows, this article offers an alternative methodology for reconstructing Athenian society. In particular, it considers the Athenian distinction between slave and free, arguing that the emphasis on a clear distinction between the two is not an automatic result of the significance of slavery in Athens. It also shows how our sources render invisible the large number of freemen that did not live as independent producers, and argues that there was a significant gap between the theoretically clear-cut distinction and its application in practice. A novel approach to Athenian society will need to account for those aspects that are systematically beyond the field of vision of our sources; but it must also take major conceptual distinctions like that between slave and free not as reflections of reality but as Athenian choices about how this society viewed itself that require historical explanation.

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