Vices tyranniques : Résistance au monopole, idéologie et marché à l'aube de la modernité

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2013

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Riccardo Rosolino et al., « Vices tyranniques : Résistance au monopole, idéologie et marché à l'aube de la modernité », Annales. Histoire, Sciences Sociales, ID : 10670/1.mq606c


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Dans l’Europe catholique du début de l’époque moderne, certains théologiens ont imaginé et légitimé la possibilité qu’un monopole puisse être combattu par un monopole de même force, mais de sens contraire. Les dynamiques de marché furent ainsi décrites en empruntant à la pensée politique le principe du droit de résistance. Dans les sociétés d’Ancien Régime, le monopole, habituellement associé aux formes d’accaparement dont le but était de créer la pénurie et de provoquer la cherté, était précisément l’un des crimes dont il fallait défendre le marché et ceux qui y opéraient. Les monopoleurs pouvaient être un ou plusieurs marchands et il était indifférent que ces comportements relèvent des acheteurs ou des vendeurs. On s’y référait normalement avec le terme de « conspiration », chargé d’une évidente connotation politique. Il s’agissait d’un crime mais aussi d’un péché, d’un acte de violence et de l’une des principales formes de violation du principe de justice commutative. On pensa cependant qu’il était moralement acceptable de neutraliser le monopole par une action de même nature. L’idée ne demeura pas dans le domaine étroit de la théologie mais elle fut reprise par les juristes. Ainsi, le marché, lieu de règles et de justice et forum où les biens recevaient un prix, commença à être aussi conçu comme un espace où il était possible de se défendre de ceux qui en manipulaient le fonctionnement, en employant les mêmes armes criminelles.

Tyrannical Vices: The Moral Basis of Anti-Monopolistic Conspiracies Between Resistance Theory and Market Logic In early modern Catholic Europe, certain theologians imagined and legitimized the possibility that one monopoly could be fought by an equal and opposite monopoly. Market dynamics were thus described in terms of the theory of resistance derived from political thought. During the Old Regime, it was necessary to defend the market and its actors from monopoly, which was associated with hoarding and meant to create scarcity and higher prices. A monopolist could be either a single merchant or a group of them, and there was no distinction between buyers and sellers who behaved in such a way. Monopolistic behavior was usually referred to as a “conspiracy,” which carried obvious political connotations. It was both a crime and a sin in addition to being considered an act of violence and one of the primary means of violating the principle of commutative justice. Neverthless, many thought that it was morally acceptable to neutralize a monopolistic action with a similar one. This idea was not restricted to the field of theology and was also taken up by jurists. Thus, the market was no longer simply a place of rules and a forum where goods were valued, but also a space where it was possible to defend oneself against those who manipulated it by applying the very same criminal tactics.

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