2019
Cairn
Maya Kandel, « Les États-Unis et l’Alliance atlantique », Politique américaine, ID : 10670/1.mqrvl3
Les grands tournants de l’histoire de la politique étrangère américaine correspondent souvent à des évolutions fondamentales dans la relation des États-Unis à l’Europe, plus précisément à des évolutions dans le rapport de puissance transatlantique. La principale rupture si l’on considère le temps long du rapport au monde des États-Unis correspond à la Seconde Guerre mondiale : la relation transatlantique, au sens contemporain du terme, née d’un ensemble d’institutions liant les États-Unis à une grande partie des pays européens, naît également à cette époque, en particulier avec la création de l’OTAN en 1949. L’Alliance atlantique a été créée dans le contexte du début de la guerre froide, pour faire face à la menace soviétique. Ce simple fait est nécessaire à rappeler puisqu’il explique pourquoi, malgré les multiples crises qu’avait traversées l’OTAN pendant les quatre premières décennies de son existence, la crise de l’organisation depuis la fin de la guerre froide est évidemment plus profonde. La question qui se pose aujourd’hui concerne toujours les mêmes deux obstacles existentiels à l’OTAN, réticence américaine à demeurer dans une alliance contraignante (du fait de l’Article 5) et divisions européennes. Or ces deux obstacles, loin de se résorber, n’ont cessé de se renforcer l’un et l’autre depuis la fin de la guerre froide, jusqu’à prendre une ampleur nouvelle depuis 2016 en raison des propos du candidat républicain et désormais président américain Donald Trump, qui a qualifié l’OTAN d’« obsolète ».