Un exemple favorable de mélange russo-allemand : Stolz, le héros « positif » du roman Oblomov de Gontcharov

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14 mars 2018

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Même avant le Stolz d’Oblomov (1859), plusieurs Allemands apparaissent dans la littérature russe. Le plus souvent il s’agit d’Allemands « russifiés », comme le Hermann de la Dame de pique chez Pouchkine, qui est réputé pour son sens de l’économie. Le narrateur de « Khor et Kalinitch » dans les Récits d’un chasseur de Tourguéniev use de stéréotypes : selon lui, le bon sens du Russe raille volontiers la sagesse mesquine des Allemands, mais Khor déclare ce peuple très curieux à observer et ajoute qu’il irait sans peine s’y mettre à l’école. Le portrait le plus achevé est celui du médecin Werner dans Un héros de notre temps de Lermontov, qui joue un rôle important dans l’histoire et représente sous un jour sympathique le médecin allemand « russifié », en nombre important dans la Russie impériale. Très caricatural au contraire l’ingénieur allemand qui figure dans le récit « Une volonté de fer » par Leskov (1876).Andreï Ivanovitch Stolz, Allemand par son père et Russe par sa mère, est un ami d’enfance d’Ilia Ilitch Oblomov. Gontcharov prend soin de montrer combien cette double éducation a servi Stolz, que son activité dirigée par son sens de l’utilité ne prive ni de sens artistique ni de sensibilité. Il s’efforce d’intéresser la charmante Olga à son ami Oblomov, pour tirer celui-ci de son apathie et l’amener à s’intéresser à la mise en valeur de son bien ; à la vie en mouvement perpétuel que mène Stolz, Oblomov oppose son goût pour l’existence immuable qu’il entend poursuivre dans son domaine rural. L’écrivain progressiste Dobrolioubov estimait que des hommes comme Stolz, au caractère entier, actifs, n’existaient pas encore dans la classe cultivée russe, mais qu’on les trouvait dans la masse. À ses yeux c’est Olga, devenue la femme de Stolz, qui saura dissiper la funeste oblomovchtchina, cette forme d’apathie plus liée à une certaine classe sociale au bout du rouleau qu’à une disposition générale commune à tout le peuple russe. On sait avec quelle énergie des jeunes femmes russes de cette époque ont essayé, souvent en risquant leur vie, de donner quelques lumières aux paysans. Le mariage symbolique de Stolz et d’Olga laissait une place à l’espérance dans ce livre à la fois sombre et poétique.

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