14 octobre 2019
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Cameron Mckee, « Cultiver l'ordre visible : répresentations de la race et de l'écologie dans le monde atlantique français », Theses.fr, ID : 10670/1.myz6g4
Cultiver l'ordre visible est structuré en un ensemble de trois études de cas qui retracent la tension entre la représentation de la Caraïbe francophone et les processus préjudiciables de la domination raciale et environnementale du colonialisme. Chaque chapitre met l’emphase sur une phase spécifique de la politique impériale au moyen de la peinture, révélant ces aspects conflictuels du paysage caribéen, où l'oppression raciale a paradoxalement fourni les moyens de cultiver l’existence Noire. Ma thèse débute dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Je propose qu'un petit corpus de peintures de genre en Martinique, du peintre itinérant Le Masurier, est enchevêtré dans des discours historiques naturels qui ont renforcé l'autorité coloniale en naturalisant l’existence Noire, définie par le travail forcé afro-caribéen, dans le paysage tropical. Le deuxième chapitre traite du bouleversement radical du colonialisme européen et de l'exploitation agricole mercantiliste auguré par les révolutions françaises et haïtiennes. J'adopte une approche à deux volets pour interroger les moyens par lesquels Haïti a été intégré dans les discours sur la liberté des Noirs et la perte coloniale au moyen de l'imagerie botanique : la curieuse inclusion de détails botaniques caribéens autochtones dans les peintures d'histoire néoclassiques de l'artiste guadeloupéen métis Guillaume Guillon Lethière et les images de floraison et de plantes qui flétrissent dans les traités botaniques caribéens de François-Richard de Tussac et Michel Étienne Descourtilz publiés après la Révolution haïtienne. Mon troisième chapitre adopte une approche comparative de la représentation de sujets émancipés à travers la figure de la femme Noire laborieuse dans l'œuvre de Camille Pissarro dédiée à la représentation de son île danoise-caribéenne natale, Saint Thomas, au moment de son déménagement à Paris en 1855. Je soutiens que Pissarro a tenté de reconfigurer la féminité Noire dans ces dessins, aquarelles et peintures comme un trope visuel proprement caribéen pour faire face à un prolétariat émancipé dans les Antilles danoises