22 octobre 2018
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Alexandre Gefen, « Le monde n’existe pas : le « nouveau réalisme » de la littérature française contemporaine », Quodlibet, ID : 10670/1.n1p2pu
« Le réel n’a pas à être repris dans son désordre. Il n’a pas à être apprivoisé dans une narration » écrit Pascal Quignard dans son dernier essai Critique du jugement (Galilée, Paris 2015, p. 55) : pour lui comme pour les écrivains de la génération des Incultes, ou encore pour des néo-réalistes comme François Bon, c’est de l’incohérence du monde, conçu comme polyphonie, discordante hétérogénéité, que la littérature doit témoigner. Loin d’être une manière post-moderne de renvoyer le monde à un simple assemblage de discours dont la littérature réassemblerait à sa guise de manière souveraine et ludique la composition, l’incohérence contemporaine prend en charge le réel et le document au lieu d’en récuser la substance. Cette étude se propose de comprendre ces formes contemporaines d’incohérences sérieuses à partir d’un courant philosophique émergeant, le « nouveau réalisme » ou encore le « réalisme spéculatif », dont l’ontologie plate admet « que les pensées à propos des faits existent au même titre que les faits à propos desquels nous pensons » en nous invitant à « reconnaître la multiplicité des perspectives réellement existantes » comme l’écrit le philosophe allemand Markus Gabriel dans Pourquoi le monde n’existe pas.