Labellisation et pratiques des consultants en prévention des risques psychosociaux : de l’expert institutionnel à l’expert politique

Résumé Fr En

L’objectif de cet article est d’analyser un mode de labellisation des consultants en prévention des risques psychosociaux (RPS), et de le confronter aux pratiques effectives de ces nouvelles figures expertes. Champ de connaissances à la fois complexe et stratégique, les RPS font état d’un périmètre conceptuel et terminologique flou : ces risques peuvent faire l’objet d’une approche restrictive, tendant à individualiser le risque, limiter la responsabilité de l’employeur et soigner le travailleur d’une part ; et d’une approche élargie, appréhendant la dimension organisationnelle du risque, étendant la responsabilité de l’employeur et soignant le travail et son organisation d’autre part. Cette double lecture, combinée aux jeux de pouvoir et rapports de force entre employeurs et représentants du personnel et à l’hypermédiatisation de ces nouveaux risques professionnels (troubles musculo-squelettiques, burn-out, harcèlement, etc.), ont progressivement accordé une place centrale aux consultants externes, avec la constitution progressive d’un marché du conseil et de l’expertise en prévention des RPS. Notre étude exploratoire, menée au sein du réseau de consultants i3r PACA animé par un triptyque institutionnel (DIRECCTE, CARSAT, ARACT), nous a permis dans un premier temps d’étudier un mode de labellisation de consultants : la labellisation « i3r PACA », donnant naissance à l’expert institutionnel en RPS. Dans un second temps, nous avons interrogé 31 consultants de ce réseau (sur 33) autour de leurs pratiques de prévention co-constructives, adaptatives et/ou militantes, qui font émerger la figure de l’expert politique. Notre discussion s’attachera à interroger les nouvelles formes hybrides entre expert institutionnel et expert politique, notamment au regard de la marchandisation du conseil et de l’expertise en RPS.

The objective of this article is to analyse a method of labelling consultants in psychosocial risk (PSR) prevention, and to compare it with the actual practices of these new expert figures. A complex and strategic field of knowledge, PSRs have a vague conceptual and terminological scope: these risks can be the subject of a restrictive approach, tending to individualise the risk, limit the employer’s liability and care for the worker on the one hand; and a broad approach, understanding the organisational dimension of the risk, extending the employer’s liability and caring for the work and its organisation on the other hand. This dual interpretation, combined with the power struggles and power relations between employers and employee representatives and the hypermediatization of these new occupational risks (musculoskeletal disorders, burn-out, harassment, etc.), have gradually given a central place to external consultants, with the gradual creation of a market for advice and expertise in the prevention of PSR. Our exploratory study, conducted within the PACA i3r consultant network led by an institutional triptych (DIRECCTE, CARSAT, ARACT), allowed us to first study a method of labelling consultants: the “i3r PACA” label, giving rise to the institutional expert in PSR. In a second step, we interviewed 31 consultants from this network (out of 33) about their co-constructive, adaptive and/or militant prevention practices, which bring out the figure of the political expert. Our discussion will focus on questioning the new hybrid forms between institutional and political experts, particularly with regard to the commodification of advice and expertise in PSR.