Comment se forment les dispositifs de jugement ? : Une analyse socio-historique des activités de conseil (1912-1952)

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2014

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Odile Henry, « Comment se forment les dispositifs de jugement ? : Une analyse socio-historique des activités de conseil (1912-1952) », Revue Française de Socio-Économie, ID : 10670/1.n9hy9w


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Comment certaines activités professionnelles à forte dimension symbolique – telles que les activités de conseil – parviennent-elles à susciter la croyance nécessaire au maintien et au développement de leurs marchés ? À condition d’être placée dans une perspective historique attentive aux effets de champs, la distinction opérée par Lucien Karpik entre croyance impersonnelle et croyance personnelle est dotée d’une valeur heuristique pour l’analyse du fonctionnement du marché du conseil. Héritier des luttes qui ont opposé depuis le milieu du xixe siècle les ingénieurs « civils » ou « conseils », adossés à l’industrie privée, aux ingénieurs de l’État, le modèle de la profession libérale, dont les avocats offrent une incarnation exemplaire, est porté par une fraction des ingénieurs-conseils. Disputant leur marché aux hauts fonctionnaires et aux entrepreneurs, ces ingénieurs-conseils cherchent à imposer à leur profession certaines garanties impersonnelles d’indépendance et de compétence. Avec l’extension, lors de la Première Guerre mondiale, des activités de conseil au nouveau domaine des « sciences du travail », ce modèle libéral est bientôt concurrencé par une autre forme de régulation de la profession, fondée sur des réseaux de relations personnelles associant élites patronales et ingénieurs spécialistes de rationalisation du travail. Cet article analyse les luttes qui ont opposé au cours de la première moitié du xxe siècle ces deux fractions du groupe des « conseils » et les conditions de l’échec, dans le contexte autoritaire de Vichy, des projets de création d’un ordre des ingénieurs-conseils.

Where do judgment devices come from? A sociohistorical analysis of consulting activitiesHow do some highly symbolical professional activities – such as consulting activities – succeed in creating the faith that is necessary to the continuation and the development of their markets? Provided it is from a historical perspective, taking into account field effects, the distinction made by Lucien Karpik between impersonal faith and personal faith is granted with heuristic value as for the analysis of how the consulting market works. Coming from the fights, back to the mid-19th century, that were opposing “civil engineers” or “consulting engineers”, backed by private industry, to state engineers, the role model for liberal profession – which lawyers embody perfectly – is carried out by a fraction of consulting engineers. Competing for the market with senior officials and entrepreneurs, those consulting engineers seek to impose some impersonal guarantees about their independence and competencies on their profession. With the extension, during the first World War, of consulting activities to the new “work sciences” field, such a liberal model soon had to compete with another form of regulation of the profession, based on personal relationships networks involving leading employers and engineers specialized in work rationalization. This article analyses the fights that took place during the first part of the 20th century between those two fractions of the “consultants” group, altogether with the conditions why, within the authoritarian context of Vichy, plans of creating an Order for engineering consultants eventually failed.

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