Compter et se mesurer dans les pratiques du christianisme latin au Moyen Âge

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2021

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Esther Dehoux et al., « Compter et se mesurer dans les pratiques du christianisme latin au Moyen Âge », Archives de sciences sociales des religions, ID : 10670/1.nk9ak7


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Les pratiques religieuses du Moyen Âge latin firent un usage abondant des dénombrements et mesures. L’article propose d’en chercher l’intelligence en posant l’hypothèse qu’est à l’œuvre un langage des nombres dont la cohérence réside dans une « arithmologie chrétienne », fondée sur la science mathématique grecque et la valeur accordée aux numérations par la Bible puis la littérature patristique. Il en ressort que le discours normatif médiéval use des nombres et mesures tout à la fois comme supports de mémoire, mode d’étalonnage et références axiologiques. Relayé par les clercs, ce langage a donné lieu à diverses formes d’appropriation : réflexives, au titre d’un exercice d’introspection ; solidaires, pensées en intégration dans des réseaux verticaux et horizontaux d’entraide spirituelle ; démonstratives, vécues sous le regard d’autrui. Au total, il ne s’agit pas tant de quantifier la question du salut que de se livrer par ce biais à un retour sur soi qui aboutit, paradoxalement, à prendre conscience de l’incommensurabilité de l’intentionnalité et de la miséricorde.

Religious practices of the Latin Middle Ages made abundant use of systems for counting and measuring. This article aims to understand how these systems work by hypothesising that a language of numbers is at play here, the coherence of which resides in a "Christian arithmology", one based on Greek mathematical science and the value attributed to numbers by the Bible and later patristic literature. It emerges from this hypothesis that medieval normative discourse uses both numbers and measurements as a memory-aid, a mode of calibration and a form of axiological referencing. Disseminated by clerics, this language gave rise to various forms of appropriation: reflexive, as an exercise of introspection; supportive, thought out as part of vertical and horizontal networks of spiritual solidarity; and demonstrative, experienced under the gaze of others. All in all, it is not so much a question of quantifying the question of salvation as of indulging in a self-examination which, paradoxically, leads to an awareness of the incommensurability of intentionality and mercy.

Las prácticas religiosas de la Edad Media latina recurren abundantemente a sistemas de conteo y medición. Este artículo pretende comprender el funcionamiento de estos sistemas a partir de la hipótesis de que en ellos entra en juego un lenguaje numérico cuya coherencia reside en una "aritmología cristiana", basada en la ciencia matemática griega y en el valor atribuido a los números por la Biblia y la literatura patrística posterior. De esta hipótesis se desprende que el discurso normativo medieval utiliza tanto los números como las medidas como ayuda de la memoria, como modo de calibración y como forma de referencia axiológica. Difundido por los clérigos, este lenguaje dio lugar a diversas formas de apropiación: reflexiva, como ejercicio de introspección; solidaria, pensada como parte de redes verticales y horizontales de solidaridad espiritual; y demostrativa, experimentada bajo la mirada de otros. En definitiva, no se trata tanto de cuantificar la cuestión de la salvación como de entregarse a un autoexamen que, paradójicamente, lleva a tomar conciencia de la inconmensurabilidad de la intencionalidad y la misericordia.

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