2014
Cairn
Monique Schneider, « Les mots du sexe et leurs destins », Cliniques méditerranéennes, ID : 10670/1.nkuaww
Alors que le terme sexual semble admis comme représentant, dans toutes les langues, de l’adjectif qui se rapporte à la sexualité, le texte du fondateur de la psychanalyse offre d’autres possibilités, parfois déroutantes. Les mots dérivant de racines latines – sexual, sexuell – voisinent avec des termes d’origine germanique, dont le plus fréquent est Geschlecht, qui signifie genre, lignée, sexe. Adjectivé, il devient geschlechtlich, terme abondamment présent dans le texte freudien. Une question principale : comment entendre l’insertion du terme schlecht – apparemment porteur d’un interdit, puisqu’il signifie « mauvais » – dans ce qui désigne le sexuel ? Dans la rencontre clinique avec Élisabeth, la nomination, par Freud, du mouvement amoureux qu’il attribue à la patiente est reçue par elle comme accusation de Schlechtigkeit (vilenie, méchanceté). L’association entre le geschlechtlich (sexuel) et le schlecht (mauvais) est présente dans la formule par laquelle, dans une lettre à Fliess, Freud associe la psychanalyse à schlechte Behandlung (mauvais traitement). À l’inverse, l’absence de suspicion culpabilisante présente dans le terme français « puissance », suspicion qui ferait planer un risque d’érotisme, a pour conséquence de désexualiser ce terme et de le réserver à ce qui concerne le champ social ou financier.