La conscience comme auto-représentation Consciousness as Self-Representation Fr En

Résumé Fr En

Cette thèse, qui relève de la philosophie de l'esprit, consiste en la défense d'une version de la théorie auto-représentationnelle de la conscience. En acceptant d'une part la notion d'état mental possédant un certain contenu qui peut être conscient ou inconscient, et d'autre part l'hypothèse plausible que le contenu de tout état mental consiste en une représentation, alors le problème de la manifestation de la conscience s'appliquant au contenu de CERTAINS états mentaux acquiert intelligibilité dans ce cadre. Il peut être compris comme la recherche d'une structure de représentation qui donne lieu à cette manifestation. Pour certains auteurs (Fred Dretske, Michael Tye et dautres), des conditions particulières dans la représentation directe de l'objet y suffisent, pour d'autres (en particulier David Rosenthal) il y faut une méta-représentation de l'objet sous certaines conditions. Ni l'une ni l'autre de ces structures ne s'avère cependant suffisante pour justifier la démarcation entre états mentaux conscients et inconscients, et pour caractériser la phénoménalité de la conscience. En prenant alors au sérieux l'intuition forte d'auto-référentialité de la conscience (présente déjà chez Aristote - suivant certaines interprétations -, reprise par Brentano, Sartre, et ces dernières années, par Uriah Kriegel et plusieurs autres), on est conduit à proposer, pour les états mentaux conscients, une structure d'auto-représentation (de la représentation) de l'objet qui sous-tend une intentionnalité consciente duale dirigée vers l'objet et en même temps vers elle-même. on résout ainsi les problèmes de la théorie méta-représentationnelle, mais il faut monter que ce schéma est intelligible, que le risque de régression à l'infini dans les capacités repésentationnelles de la conscience n'existe pas, et que de robustes intuitions sont ainsi éclairées, telles que la structuration du champ conscient entre premier plan et arrière-plan, et le lien entre conscience d'arrière plan, ou marginale, et conscience de soi. Ce lien dérive du fait que la conscience marginale, dans la perspective de l'auto-représentation, est la conscience de la conscience d'objet, et se qualifie aussi comme conscience subjective, c'est à dire conscience "pour moi" de l'objet. Et la conscience de soi se construit à partir des épisodes de conscience subjective. L'étude du rapport entre structures de représentation mentale consciente et configurations neuronales spatio-temporelles qui les produisent dans le cerveau est hors du domaine du présent travail, mais la présence nécessaire de ces relations demeure à l'arrière-plan, et affleure dans la réflexion quand cela peut être éclairant.

This work illustrates a version of the self-representational theory of consciousness. If one accepts on the one hand the notion of mental states that have a given content - conscious or unconscious - and on the other hand the plausible hypothesis that the content of all mental states consists in a representation, then the problem of the manifestation of consciousness for (the content of) SOME states becomes intelligible within this frame. This problem can be understood as the research of the representational structure which gives rise to this manifestation. For some authors ( Fred Dretske, Michael Tye, and others) certain particular conditions in the direct representation of the object are sufficient, for others (particularly David Rosenthal) a meta-representation is necessary, under given conditions. However neither of those structures results sufficient to justify the demarcation between conscious and unconscious states and to characterize the phenomenality of consciousness. If one then takes seriously into account the strong intuition of self-referentiality of consciousness (already present in Aristotle - following some interpretations -, taken up again by Brentano, Sartre, and lately by Uriah Kriegel and several others) one is conducted to propose a self-representational structure for conscious mental states which involves a dual conscious intentionality targeting the object and itself at the same time. The problems of the meta-representational theory are thus resolved, but it remains to be shown that this scheme is intelligible, that the risk of infinite regress of the representing capacity of consciousness does not exist, and that strong intuitions are thus acknowledged : such as the distinction in the conscious field between foreground and background, and the link between background, or marginal consciousness, and self consciousness. Within the self-representational view, this link originates from the fact that marginal consciousness is the consciousness of the consciousness of the object, and qualifies itself as subjective consciousness, that is to say, consciousness "for me" of the object. Self consciousness is then constructed from the episodes of subjective consciousness. The relationship between conscious mental representational structures and the spatio-temporal neuronal configurations which produce them in the brain, is outside the domain of the present work, but it is necessarily present in the background, and it is considered when useful for the argument.

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