Apiculture et diversité des conduites d’élevage : le choix de l’autonomie

Résumé Fr

Depuis les années 1990, l’apiculture traverse une crise importante dont le signe le plus tangible est la mortalité accrue des colonies d’abeilles (Oldroyd, 2007). Cette crise a eu pour effet de rendre visible l’apiculture auprès du grand public en érigeant l’abeille au rang de sentinelle de la biodiversité. Elle a en outre contribué à la mise à l’agenda de politiques publiques dont l’un des objectifs affichés est de rationaliser les pratiques apicoles. Le maintien et le renouvellement du cheptel d’abeilles sont, dans ce contexte de crise, une préoccupation centrale pour les apiculteurs, quels que soient leur statut (de l’amateur plus ou moins éclairé au professionnel, en passant par le « double actif »). On s’emploiera à montrer que la diversité des techniques est indissociable non seulement des objectifs poursuivis et des différentes conceptions de l’apiculture, mais également d’un ensemble de contraintes (environnement, maladies, aléas climatiques, maitrise technique, etc.). Mais cette diversité des logiques à l’oeuvre témoigne également de la recherche d’autonomie, envisagée ici dans une double perspective. D’une part, elle suppose la possibilité pour un apiculteur de choisir les moyens les plus adaptés à ses objectifs et aux aléas auxquels il est confronté. D’autre part, suivant André Gorz, l’autonomie renvoie à la liberté créatrice du sujet, c’est-à-dire la capacité proprement humaine de donner un sens au monde par l’expérience vécue, l’intelligence sensible ainsi que par l’acquisition des savoirs. Notre réflexion se fonde sur une série d’entretiens réalisés en Ile-de-France et en Bourgogne-Franche-Comté auprès d’apiculteurs diversifiés.