2006
Cairn
Stéphane Le Gars et al., « Janssen, Rayet, Cornu : Trois parcours exemplaires dans la construction de l'astronomie physique en France (1860-1890) », Revue d'histoire des sciences, ID : 10670/1.o5pb2o
L’astronomie physique (l’étude de la constitution physique des astres) prend un véritable essor à partir des années 1860 après la découverte des lois de Kirchhoff qui permettent d’interpréter les spectres célestes. Avant qu’elle devienne « astrophysique » au xxe siècle, l’astronomie physique est pratiquée par une communauté d’astronomes et de physiciens en marge de l’astronomie classique (étude de la position des astres et mécanique céleste), notamment en France. L’objet de cet article est de cerner les caractéristiques de cette communauté française méconnue entre 1860 et 1890 en suivant le parcours de trois scientifiques impliqués dans ce champ novateur : Jules Janssen (1824-1907), Alfred Cornu (1841-1902) et Georges Rayet (1839-1906). L’étude de leurs formations, de leurs réseaux de sociabilité et de leurs approches scientifiques et techniques permet de rendre compte des spécificités de la construction de l’astronomie physique française. La discipline apparaît ainsi pratiquée par des physiciens, habiles de leurs mains ; elle prend des formes multiples et se développe dans des lieux divers : observatoires ou laboratoires de grandes écoles. Janssen axe son travail sur la production d’images célestes nouvelles (spectres, photographies), Cornu accorde une importance primordiale à la mesure des raies spectrales tandis que Rayet envisage l’astronomie physique comme une méthode permettant de renouveler l’inventaire des objets célestes. Mais parmi ces pratiques hétéroclites, celle de Cornu semble la plus féconde, permettant une réelle structuration de la discipline.