La « triple conservation » comme technologie de gouvernement

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2020

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VertigO : La revue électronique en sciences de l’environnement ; vol. 20 no. 1 (2020)

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© Université du Québec à Montréal et Éditions en environnement VertigO, 2020




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Théo Jacob, « La « triple conservation » comme technologie de gouvernement », [VertigO] La revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.27591


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Initialement conçues comme des outils d’interdiction, les aires protégées accompagnent aujourd’hui la décentralisation. Leurs nouvelles missions de démocratie locale et de développement économique participent d’une évolution globalisée de l’administration publique, depuis une logique de « souveraineté » vers un registre de « gouvernementalité ». L’étude de vastes aires protégées montre comment la conservation appuie le redéploiement étatique. En Guyane française et dans l’État brésilien de l’Amapá, elle succède aux stratégies régaliennes de maintien sur une Amazonie éloignée, alternant tutelle paternaliste et délégation aux élites locales. Sur ces territoires « anormaux », les institutions de conservation tentent de réconcilier différentes légitimités. Rassemblant communautés locales, responsables publics et acteurs économiques, leurs gestionnaires animent des espaces de gouvernance qui accompagnent l’autonomisation régionale. Ces arènes cherchent à contenir le développement des écarts sociaux et politiques en créant de nouvelles mobilités sur ces territoires. La protection de l’Environnement justifie un mode de gouvernement frugal, multipliant les contre-pouvoirs et l’enchâssement des surveillances entre acteurs d’un même espace. En incitant l’émergence d’une « société civile » dans des arrière-pays sous-administrés, elle crée de nouvelles concurrences et diffuse une rationalité managériale de responsabilisation.

Initially designed as tools of restriction, protected areas now go together with decentralisation. Their new goals for local democracy and economic development participate of a globalized evolution of public administration, from "sovereignty" to "governmentality". An study of large protected areas shows how conservation complements state redeployment. In French Guyana and in the Brazilian state of Amapá, it comes after sovereign function strategies maintained on a distant Amazonia, switching between paternalistic attitude and delegation of authority to local elite groups. On these "abnormal" territories, conservation institutions are trying to reconcile different legitimacies. In bringing together local communities, public officials and economic players, administrators organise spaces of state governance that go along with regional autonomy. These concertation places are aiming to restrain the development of social and political gaps, in creating new mobilities on territories. Environmental protection justifies a frugal type of governance, by multiplying counter powers and surveillance entrenchments between stakeholders of a common space. When inciting the emergence of a new "civil society" in barely administered back lands, this creates new rivalries and spreads managing rationale of responsibility.

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