2004
Cairn
Vincent Duclert, « Les historiens et la destruction des arméniens », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, ID : 10670/1.oovyv1
Au cours du premier conflit mondial, l’extermination de près d’un million d’Arméniens, peuple chrétien de l’Empire ottoman, constitue l’événement principal par lequel se transmet en Occident la connaissance de la guerre en Orient. S’il y a là un fait historique dont la matérialité n’est contestée que par la marge la plus orthodoxe des historiens officiels turcs, en revanche, l’interprétation de cet événement – à savoir l’intention et la réalisation collectives, politiques et étatiques, d’un crime de masse caractéristique d’un génocide moderne – fait l’objet de contestations très violentes derrière lesquelles agissent des enjeux nationaux et identitaires puissants. L’histoire des historiens apparaît saisie d’enjeux qui la dépassent et la déforment. Cependant, elle ne peut renoncer à assumer sa dimension sociale et politique. L’espoir placé dans les vertus de la recherche impose au préalable de tenter de mettre en ordre et d’analyser la situation historiographique relative à la destruction des Arméniens de l’Empire ottoman.