Réagencements et usages politiques du passé et de la mémoire chez les réformés français, de l’édit de Nantes aux années 1620

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La référence au passé, pour les huguenots du premier xviie siècle, ne sert pas seulement à élaborer une mémoire collective, mais est aussi au service d’une action politique. En établissant, lors des assemblées politiques des années 1610, un lien constant entre l’édit de Nantes et les acquis octroyés depuis les années 1560, les huguenots cherchent à renforcer leur statut en l’inscrivant dans une fiction historique et un passé juridique qui lui font prendre sa source dans les États de 1561. Les années 1620, avec le retour des affrontements, mettent toutefois en évidence les limites de ce modèle, par un retour dans les discours de mobilisation du souvenir d’un passé conflictuel violent contre lequel les revendications des assemblées cherchaient à s’inscrire en faux.

For the Early Seventeenth-Century Huguenots, the reference to the past is not just a way to set a collective memory ; it is also used as a political action. By linking constantly the edict of Nantes to the achievements gained since the 1560s, the political assemblies of the 1610s try to reinforce the political status of the protestants, presenting it on the historical and legal scale as the consequence of the civil toleration policy initiated by the Estates of 1561. However, the return of the confrontations in the 1620s emphasizes the limits of such a model, because of the tendency to use the memory of a conflictual and violent past as an argument of mobilization, a practice from which the assemblies had precisely tried to distance themselves.