20 décembre 2022
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Fleur Hopkins-Loféron, « Dark Academia et roman colonial dans Éducation meurtrière (Scholomance) de Noami Novik », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.p3v2w7
Éducation meurtrière, premier tome de la trilogie Scholomance de Naomi Novik se propose comme une réponse ambitieuse à l’œuvre de J. K. Rowling, désireuse de décrire un pensionnat magique plus réaliste, où les étudiants feraient face à de réels dangers, mais aussi plus déconstruit, car éveillé aux questions féministes ou à la représentation de la sexualité naissante. Pour autant, la réception critique de l’œuvre sur les réseaux sociaux permet d’apprécier les difficultés de l’autrice à faire valoir une relecture intersectionnelle de Harry Potter puisque, d’une part, l’intrigue renforce validisme, hétérocentrisme et cisgenrisme et que, d’autre part, si les accusations de racisme portées contre l’œuvre peuvent paraître excessives, celle de la normalisation des micro-agressions et des stéréotypes racistes semble à propos. Sous couvert de donner à lire une certaine mixité ethnique et sociale, la saga se heurte à l’un des écueils majeurs des romans de Dark Academia, sous-genre auquel il appartient, à savoir la perpétuation d’un récit colonial blanc, la pluralité d’appropriations culturelles, voire de stéréotypes racistes qui parsèment ses pages. À défaut de parachever son approche décoloniale, le roman déploie une critique étendue des questions de privilège, de richesse et de classe, proposant ainsi un commentaire sur le microcosme scolaire comme étant un miroir grossissant des problématiques propres aux sociétés capitalistes.