30 juin 2017
https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Guillaume Faburel, « Les formations universitaires en urbanisme en France : un nouveau gouvernement des corps (de métiers) », Cybergeo : revue européenne de géographie / European journal of geography, ID : 10670/1.pf8zfq
Plus que toute autre discipline, l’urbanisme interagit avec l’état du monde qu’il souhaite rendre intelligible par ses savoirs, et appréhendable par ses formations. Or, les enjeux qui président aux devenirs urbains ont changé de nature et d’envergure. Nous montrons comment les formations en urbanisme, principalement en master, se sont écartées de perspectives analytiques et d’orientations critiques, pourtant à ce jour plus que requises.Ces formations ont connu sur les trente dernières années une véritable torsion, que le climat concurrentiel pour la reconnaissance des diplômes ne saurait expliquer. Elles composent à ce jour un champ technique spécialisé, entre référentiels de métiers et normalisation des carrières, entre fédération des instituts de formation et normalisation des savoirs par le CNU.A l’articulation entre pluridisciplinarité et savoirs pratiques, structurée dans les années 1970 et 1980 autour de pensées remarquées, s’est globalement substitué un autre couple, à la fois comme position et processus de formation : l’agir de l’hyper-urbanisme et son entendement actionniste (fondé sur les processus de fabrication et leur management), les savoir-faire techniques et leur position développementaliste (fondée sur les projets et leurs instruments).Par cette torsion, non seulement le courant des études urbaines (pourtant très largement déployé à l’étranger) s’est fort peu développé en France. Plus encore, par cette torsion, les formations en urbanisme demeurent frappées d’un large impensé socio-écologique.