Musique et dyslexie : vers une rééducation cognitivo-musicale intermodalitaire des « troubles dys »

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2015

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Michel Habib et al., « Musique et dyslexie : vers une rééducation cognitivo-musicale intermodalitaire des « troubles dys » », Développements, ID : 10670/1.pgr6z0


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Il existe dans la littérature neuroscientifique récente des arguments de plus en plus fournis pour justifier l’utilisation d’un entraînement musical comme outil thérapeutique à part entière au sein de l’arsenal dont disposent déjà les orthophonistes pour traiter les enfants souffrant de dyslexie. Parmi ces travaux, on peut citer (1) des arguments directs, issus d’études de l’effet de la musique sur les troubles à l’origine de la dyslexie et de l’étude des performances de dyslexiques musiciens, et (2) des arguments indirects, comme les multiples preuves d’un effet de l’entraînement musical sur la psychophysiologie de la perception du langage, ou encore la mise en évidence répétée d’un effet de la pratique musicale sur l’organisation des faisceaux d’associations hémisphériques gauches, ceux-là mêmes dont la structure est altérée chez les dyslexiques. Parmi les diverses hypothèses sous-jacentes à cet effet de la musique, l’une d’entre elles est que la pratique régulière de la musique pourrait contribuer à renforcer les mêmes connexions qui ont été retrouvées anormalement sous-développées dans les études d’imagerie cérébrale chez les dyslexiques. Partant de cette hypothèse, nous avons mis au point un protocole thérapeutique dit « cognitivo-musical » basé sur le principe de l’intermodalité, c’est-à-dire visant autant que possible à solliciter de façon conjointe et simultanée les systèmes sensoriels (visuel, auditif, somesthésique) et moteur en utilisant des exercices musicaux. Deux études distinctes sont présentées, chez deux groupes d’enfants dyslexiques, l’une réalisant un entraînement de ce type concentré sur 18 heures en trois jours successifs, l’autre où ces mêmes 18 heures, ont été étalées sur 6 semaines. Les deux études montrent des améliorations significatives de certaines variables non entraînées, linguistiques et non linguistiques. Dans la première étude, il est démontré que seulement 3 jours d’entraînement musical intensif suffisent pour modifier le déficit des dyslexiques dans des tâches de perception auditive des composantes temporelles de la parole. La seconde montre des améliorations en attention auditive, conscience phonologique (fusion syllabique), vitesse de lecture et en répétition de pseudo-mots, par comparaison entre les mesures prises avant et après les 6 semaines d’entraînement, alors qu’aucune amélioration n’est significative sur deux périodes non entraînées. Bien que ces résultats restent préliminaires, ils incitent fortement à poursuivre les recherches pour déterminer dans quelle mesure la pratique de la musique doit ou non faire partie de manière systématique de l’arsenal thérapeutique dans les diverses formes de dyslexie, et de la pratique pédagogique dans les écoles primaires.

There are numerous arguments in the recent neuroscientific literature to support the use of musical training as a therapeutic tool in the arsenal already available to speech therapists for treating children with dyslexia. Among these arguments, some are indirect, such as the repeated demonstration of an effect of musical practice on the organization of left hemispheric white matter bundles, precisely those altered in dyslexics, and more direct arguments, such as the effect of music training on disorders causing dyslexia, and of the performance of dyslexic musicians. Assuming that connectivity defects observed using brain imaging in dyslexics are the cause of learning disability (especially, but not only, reading disability), and that regular music practice could help strengthen these connections, we have developed a so-called “cognitivo-musical” protocol based upon the principle of cross-modality, that is involving jointly and simultaneously sensory (visual, auditory, somatosensory) and motor systems when designing musical exercises. Two separate studies are presented in two groups of dyslexic children, one where exercises were concentrated over 18 hours during three consecutive days, and the other where again 18 hours of musical training were spread over six weeks. Both studies showed significant improvements in some untrained, linguistic and non-linguistic variables. In the first study, only three days of intensive musical training enhanced the dyslexics’ performances in auditory perception of temporal components of speech. The second study revealed improvements in auditory attention, phonological awareness (syllable fusion), reading speed and repetition of pseudo-words, by comparing measurements taken before and after 6 weeks of training. Importantly, no significant improvement was found over two untrained periods. Although these results are preliminary, they strongly encourage further research to determine the extent to which musical practice should or should not be part of systematic therapeutic arsenal in the various forms of dyslexia as well as in pedagogical practice in primary schools.

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