2021
Cairn
René Backmann, « L’armée israélienne : au service de l’État ou de Dieu ? », Confluences Méditerranée, ID : 10670/1.phuffv
Lorsqu’il a signé le document fondant l’armée israélienne en mai 1948, David Ben Gourion, premier chef du gouvernement du nouvel État, entendait créer une force de défense sans sectarisme, respectueuse des lois religieuses de base mais loyale à l’État, au gouvernement, à l’état-major et sans lien avec les partis politiques ou les autorités religieuses. Trente ans plus tard, après l’arrivée au pouvoir de Menahem Begin, la « religion de la rédemption » a commencé à se substituer au sein de l’armée à l’ancienne « religion de la sécurité nationale ». Avec l’assentiment et les encouragements du pouvoir politique, les colons et les religieux nationalistes ont été de plus en plus nombreux à se porter volontaires pour les unités de combat, les forces spéciales et les écoles de formation d’officiers. À l’école d’officiers de l’infanterie, le pourcentage d’officiers religieux est passé de 2,5 % dans les années 1990 à plus de 25 % dans les années 2000. Le résultat est qu’aujourd’hui les militaires, avec ou sans ordres, participent à la création des « colonies sauvages » ou aux attaques des colons contre des villageois palestiniens. C’est aussi qu’un général, commandant l’une des plus célèbres unités de l’infanterie israélienne, peut appeler ses soldats à combattre, à Gaza, « l’ennemi qui profère des blasphèmes contre le Dieu d’Israël ».