2020
Cairn
Filipe Drapeau Vieira Contim, « La rigidité au travers des ressemblances », Philosophia Scientiæ, ID : 10670/1.pip2ep
Mon but ici est de réconcilier deux conceptions relativement populaires dans leurs domaines respectifs : d’une part, la théorie des contreparties (TC) de David Lewis, en métaphysique modale, d’autre part, la thèse de la rigidité mise en avant par Saul Kripke en sémantique. De prime abord, le concept de rigidité ne semble pas pouvoir s’appliquer dans TC : un terme rigide est censé désigner le même objet au travers des mondes possibles, tandis que TC formule les conditions de vérité des énoncés modaux de re en termes non pas d’identité transmonde mais de similarité comparative. Je soutiens néanmoins qu’il peut y avoir de la rigidité au travers des ressemblances. Partant d’une suggestion de Lewis, je montre qu’on peut définir un concept de rigidité, la rigidité lewisienne (rigiditéL), qui est adapté à TC. Malheureusement, la thèse de la rigiditéL ainsi reformulée bute sur un obstacle de taille : l’extrême prodigalité de la relation de ressemblance qui prévaut dans TC entraîne une prolifération des relations de contrepartie, ce qui a pour effet de trivialiser la thèse de la rigiditéL, en faisant de tous les termes singuliers, sans discrimination, noms propres aussi bien que descriptions définies, des désignateurs rigidesL. Suivant une piste d’Allan Gibbard et de Lewis, je propose alors de relativiser la rigiditéL à un aspect de similarité variable selon le contexte conversationnel. De là, je forge un concept plus contraignant, celui d’ hyper-rigiditéL, à l’aune duquel le contrepartiste peut enfin capturer la différence entre noms propres et descriptions définies.