Sciences sociales et lutte nationale dans les territoires occupés palestiniens : La coercition comme contrainte et comme ressource scientifique

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RÉSUMÉ Cet article analyse l’état et le devenir des sciences sociales dans les Territoires occupés palestiniens. Il explique comment des sciences sociales peuvent exister sans État ni liberté ni démocratie. Il montre que la coercition et la lutte nationale, loin de bloquer la vie scientifique, la rendent possible et la structurent en imposant une dépendance féconde vis-à-vis de l’étranger. Une enquête de terrain de plus de deux ans portant sur les sociologues, politologues et anthropologues palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza fonde la démonstration. Cette étude offre également un regard novateur sur la société palestinienne au moment où elle sort violemment de la « période d’Oslo ». L’auteur applique ici les résultats des « nouvelles études des sciences » à un espace (une société du Sud), un contexte (coercitif) et des disciplines (les sciences sociales) relativement contournées par la sociologie des sciences.

Social sciences in occupied palestinian territories : coercion as constraint and scientific resource The following article analyses the state and fate of social sciences in the Occupied Palestinian Territories. It explains how it is possible for social sciences to exist without a State, nor freedom, nor democracy. This study is based on a two-year-long field research focused on the Palestinian anthropologists, sociologists and political scientists of the West Bank and the Gaza Strip. It shows that coercion and national struggle, far from impeding the practice of science, nurture and frame it. Palestinian social scientists are thus pushed towards a fertile dependence towards international academic life. The study of social sciences allows to sketch a picture of the Palestinian society entering the violent post-Oslo era.