2020
Cairn
Jacques T. Godbout et al., « Le jugement de Salomon », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.pjas74
Dans cet échange croisé entre Jacques T. Godbout et René Girard, le jugement de Salomon met en question l’importance respective de la rivalité mimétique et de l’esprit du don. L’une des deux mères prétendues rejette la violence jusqu’à risquer de perdre son enfant pour le sauver, ce qui est contraire au désir mimétique girardien, explique Godbout ; l’autre, au contraire, s’y conforme, et Girard ne retient que cette dernière, à laquelle sa théorie s’applique. Dans sa réplique, Girard souligne que s’il accorde tant d’attention au désir mimétique (aussi banalement universel que l’amour), c’est parce qu’il passe trop souvent inaperçu. Mais, conclut aujourd’hui Godbout, tentons de sortir du faux débat selon lequel Salomon a parié soit sur l’un, soit sur l’autre. Une autre interprétation féconde du récit biblique serait que le roi Salomon, dans sa sagesse, a misé sur les deux, tout en faisant le pari de l’amour et du don.