2024
Cairn
Jean-Marie Donegani et al., « De l’appartenance à l’identité : Les hésitations du catholicisme contemporain », Recherches de Science Religieuse, ID : 10670/1.po7v2g
Cette contribution étudie la conception de l’affiliation religieuse développée par l’institution catholique depuis la Seconde Guerre mondiale. Trois étapes se succèdent : la première, qui caractérise la période préconciliaire, définit l’appartenance à l’Église suivant des critères objectifs liés au baptême et à la pratique – qui permettent d’établir une séparation stricte entre le monde et l’Église. Le second moment, qui trouve son point de cristallisation dans l’événement conciliaire, admet de définir l’identité chrétienne de manière plus poreuse en la soustrayant aux disciplines unitives propres à l’époque antérieure. Depuis la fin du pontificat de Paul VI, la théologie de la communion détermine une voie intermédiaire : si le magistère engage les fidèles à dialoguer avec le monde pluraliste, c’est dans le cadre d’une axiologie attachée à la souveraineté persistante de la morale objective établie par le magistère. La sociologie des religions permet-elle de rendre compte de cette évolution ? La réponse ici proposée est clairement positive. On la voit accompagner les trois moments théologiques : elle a, dans un premier temps, rendu compte de l’affiliation en mesurant les pratiques exigeantes de l’appartenance. Sont venues ensuite, alors que l’institution se montrait plus accueillante au « christianisme diasporique », les enquêtes ciblées sur la subjectivation du croire. L’époque actuelle la voit se construire du côté d’une analyse des retours du croire. Entre les deux disciplines se noue, de la sorte, une relation dialectique : la sociologie décrit les effets de la théologie ; éclairant le magistère, elle est aussi l’un des facteurs de son évolution.